L'article 1er relève de la publicité mensongère ; c'est une vague profession de foi. En le lisant vite, on se croirait au pays des Bisounours, alors qu'il existe un abîme entre les intentions affichées et la réalité des mesures proposées.
La philosophie de cette réforme libérale repose sur l'individualisation. Au coeur du dispositif, nous trouvons naturellement cette règle d'or que vous évoquez et qui est l'austérité budgétaire : en impliquant un ajustement permanent, elle se traduit par une incertitude généralisée. Aucun droit n'est garanti. Il en est de même du taux de remplacement. Il s'agit d'un renversement radical.
Vous voulez que les gens travaillent plus longtemps – vous l'avez dit, d'ailleurs – et que leurs pensions baissent, puisque ce sera un des effets de la réforme. Vous voulez plus de seniors au travail et plus de seniors au chômage, alors qu'il convient au contraire de garantir leur droit à la retraite. Vous savez également que votre texte entraînera un recours croissant à la capitalisation.
Contrairement à ce que d'aucuns ont prétendu, vous rayez d'un trait de plume des solidarités et des droits existants pour tout abaisser. Les exceptions que vous êtes contraints de concéder à l'article 1er sont l'aveu de votre incurie : vous voilà obligés de bricoler des correctifs, tout en ne reconnaissant pas les particularités de nombreuses fonctions sociales – je pense notamment aux métiers de l'éducation nationale.
Du reste, les agents de l'éducation nationale n'ont pas été convaincus par les propositions que Régis Juanico a évoquées à l'instant. Le secrétaire général de la FSU – Fédération syndicale unitaire – , que nous avons reçu, n'a pas été invité à participer à la conférence de financement : vous avez choisi d'écarter le principal syndicat représentatif des agents de l'éducation nationale, qui combat, évidemment, ces propositions parce qu'elles ne conviennent pas.
Nous proposons une autre réforme, qui améliore le système existant en le corrigeant, à l'inverse du projet de régression sociale que vous nous présentez. Vous devriez prendre au sérieux le rejet profond qui s'exprime dans le pays.