Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du mercredi 19 février 2020 à 15h00
Système universel de retraite — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth :

L'article 1er est un geste littéraire : c'est une série de principes généraux auxquels, je le pense du moins, chacun doit être favorable. Ces principes n'en demeurent pas moins souvent éloignés de la réalité. Je prendrai deux ou trois exemples.

Premier exemple : la liberté de choisir son âge de départ. Non, le texte n'assurera pas la liberté de choix. La vérité est que l'âge de départ, que vous avez transformé en âge pivot, du moins si la conférence de financement aboutit – la décision ne nous appartient pas – , conduira à une baisse des pensions. Les personnes qui partent aujourd'hui à 62 ans avec un taux plein partiront avec une décote. Vous prétendez améliorer les pensions des femmes, mais la plupart d'entre elles partiront avec une pension amputée d'une superdécote – car il y aura une superdécote. L'âge pivot rend irréaliste la liberté de l'âge de départ, puisque ce choix se traduira obligatoirement par une baisse des pensions.

Deuxième exemple : la pénibilité. C'est sûr, nous avons plongé dans la pénibilité cet après-midi : nous avons vu ce qu'était un débat pénible.

Je tiens à mettre en garde le Gouvernement : qu'il fasse attention à la définition de la pénibilité. Il est toujours possible d'additionner les métiers, mais quelle étrange manière de travailler, puisque, chaque jour, de nouveaux métiers apparaissent ! On est certain d'en oublier ! Pourquoi ne pas non plus prendre en considération la durée du trajet entre le domicile et le travail ? L'affaire n'a pas fini de se compliquer, aboutissant, comme l'ont souligné plusieurs collègues, à la création de nouveaux régimes spéciaux, pour un résultat toujours plus injuste. Faites très attention : il faut vous fonder sur une définition objective et objectivable de la pénibilité.

Troisième exemple : le financement. Non seulement il n'y a pas de règle d'or sans contrainte, mais il y a aussi un financement gigantesque à trouver pour 2025, année d'entrée dans le régime universel : 15 à 20 milliards d'euros – je vous les détaillerai, si vous le souhaitez, lors de l'examen des amendements. C'est une bombe à retardement budgétaire, comme dirait, avec raison, Charles de Courson.

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