Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Séance en hémicycle du mercredi 19 février 2020 à 21h30
Système universel de retraite — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

On nous parle d'équité, alors que chaque euro cotisé n'ouvrira pas les mêmes droits selon les générations et les années, c'est une évidence. On nous parle d'égalité entre les hommes et les femmes, alors qu'il est complètement faux de prétendre que les femmes vont gagner à la réforme. Tout au contraire, elles vont y perdre énormément. Le calcul de la pension à partir de l'ensemble de la carrière et non plus des six derniers mois pour les fonctionnaires ou des vingt-cinq meilleures années pour les salariés va considérablement pénaliser les femmes, dont les carrières sont moins régulières : voilà une réalité que vous dissimulez.

Il n'y aura pas non plus de solidarité puisque la suppression du bénéfice de huit trimestres par enfant n'est pas compensée. Il est clair que vous n'avez pas osé faire figurer dans les études d'impact des cas prouvant que les femmes allaient y gagner, comme vous voulez le faire croire. C'est un mensonge complet.

Vous nous parlez d'un niveau de vie satisfaisant des retraités alors qu'il suffit de lire l'étude d'impact pour comprendre que les pensions de retraite vont baisser mécaniquement. La part du PIB consacrée aux retraites étant plafonnée à 12,9 % alors que de nouveaux droits seront institués pour certains, la masse globale des pensions va obligatoirement baisser. Ce n'est pas parce que la loi de 2003 et la réforme Touraine étaient déjà très dures qu'il faut se satisfaire de voir le niveau des retraites diminuer.

Vous nous parlez de soutenabilité économique et d'équilibre financier. Sur ce point je vous renvoie à l'interview du constitutionnaliste Didier Maus publiée tout récemment dans la presse. Selon lui, il y a de fortes chances pour que votre projet soit anticonstitutionnel en raison de l'atteinte portée à la sincérité du débat parlementaire. Je réitère ma question au risque de vous lasser, monsieur le secrétaire d'État : comment la sincérité du débat pourrait-elle être garantie si vous n'êtes pas capable de nous dire ce que va coûter le nouveau régime spécial destiné aux plus hauts revenus ? D'après certaines indiscrétions, dont la presse s'est fait l'écho, nous serions à 4,7 milliards d'euros par an. Il ne sera pas sans intérêt pour le juge constitutionnel de savoir que vous n'avez pas voulu répondre aux nombreuses questions des députés sur le coût réel de la création de ce régime spécifique aux plus hauts revenus.

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