La réforme entame le principe de répartition. Ce qui est décidé aujourd'hui pour les plus hauts revenus pourra l'être demain pour des revenus inférieurs : il suffira d'abaisser le plafond.
Avant même que le juge constitutionnel ne le fasse, je vous demande plus de clarté – ce faisant, je vous rends service, d'une certaine manière, alors que je pourrais m'en abstenir.
J'ai retrouvé, monsieur le secrétaire d'État, le fameux article des Échos, en date du 20 janvier. Permettez-moi de vous en citer un passage édifiant : « La marche arrière de huit plafonds à trois plafonds ne sera pourtant pas aisée. Car après avoir procuré des recettes inespérées au régime complémentaire, cette tranche va coûter très cher à éteindre. Le manque à gagner en cotisations annuelles à partir de 2025 a été précisément chiffré » – ce que vous ne saviez sans doute pas – « par l'AGIRC-ARRCO : 4 milliards d'euros en 2025, 4,8 milliards en 2037, 5 milliards en 2040, selon un document interne qu'ont pu lire Les Échos » – journal a priori sérieux. « Nul ne semble savoir à ce stade, y compris à l'AGIRC-ARRCO, quelles pensions sont décaissées en regard de ces cotisations chaque année – assurément bien plus qu'il y a trente ans. Or le Gouvernement a promis d'honorer intégralement les droits acquis. Mais avec quelles recettes ? ».
Il est extravagant que vous refusiez de répondre aux questions posées par un grand journal sérieux de la presse économique, par des partenaires sociaux, par les représentants du régime complémentaire – dont vous vous apprêtez à voler 70 milliards de réserves, soit dit en passant, car ils appartiennent aux Français qui ont cotisé – , et relayées par mes collègues du groupe Les Républicains et d'autres ainsi que par moi-même.
Cela signifierait-il que vous ignorez le contenu des fameuses ordonnances, ces vingt-neuf trous ? Il serait important de le savoir eu égard à l'exigence de clarté du débat. Nous feriez-vous débattre toutes les nuits sans savoir ce que contiendront ces ordonnances ? Vous évoquez un régime transitoire, mais quel sera-t-il ? Comment ? Pour quel coût ?
Vraiment, vous tricotez l'inconstitutionnalité de ce texte, et je poserai autant de questions qu'il le faudra car il est inacceptable pour la représentation nationale – et, à travers elle, pour les Français – de débattre sans rien savoir de cette façon de creuser le déficit. Vous parlez d'équilibre financier alors que vous augmentez le déficit de 65 milliards d'euros ! C'est considérable ! Réfléchissez au trou que vous êtes en train de creuser !