Toujours à propos de la spécificité et de la pénibilité de certains métiers, j'ai eu l'occasion de rencontrer des salariés de Renault qui m'ont expliqué à quoi ressemblait une journée de travail et quelles étaient les cadences qu'ils subissaient.
Ils commencent à sept heures du matin et s'arrêtent à quatorze heures cinquante-trois, avec une pause de dix minutes toutes les deux heures et une pause de vingt minutes le midi. Ils travaillent bien souvent à la chaîne et n'ont donc pas forcément le temps de boire un petit café ou de prendre leur pause. Durant cette journée de labeur, ils portent des chaussures de sécurité bas de gamme, parfois trop grandes, des gants dépareillés ; il manque souvent des bouchons d'oreilles. Pour Renault, il n'y a pas de petite économie… Je voudrais simplement vous alerter concernant le sort de ces salariés. D'après ce qu'ils m'ont rapporté, trois absences, même médicales, leur valent une convocation par l'encadrement. Le droit à se soigner est remis en cause, le profit passe avant tout.
Pourtant, à Douai, on compte plus de 700 salariés suivis par la maison départementale des personnes handicapées pour des troubles musculo-squelettiques. Ces derniers se développent dès l'âge de 30 ans – dès lors, imaginez ce qu'il en est à 64 ou 65 ans. Le voudriez-vous pour vos enfants ?
Notre industrie, ce n'est pas que des actions ou des dividendes, c'est surtout des vies humaines à respecter, des hommes et des femmes à considérer, et qui ont droit à une seconde vie après le travail.