Monsieur le ministre de l'action et des comptes publics, près d'une année après le scandale des Panama Papers, nous voici face à une deuxième révélation massive de documents, dénommés cette fois-ci les Paradise Papers. Des journalistes du monde entier se penchent en ce moment même sur ces documents pour en étudier la portée. II s'agit pour l'instant de montages financiers complexes pour se soustraire à l'impôt. Ces mécanismes paraissent de prime abord légaux, mais sont-ils acceptables ? Le partage de l'impôt est un des fondements de notre démocratie. Il n'est pas admissible que des acteurs privilégiés puissent y échapper, surtout à l'heure où l'effort national est requis.
L'évasion fiscale des entreprises et des grandes fortunes cause des pertes fiscales qui coûtent 350 milliards d'euros par an aux États du monde entier, dont 120 milliards à l'Union européenne et 20 milliards à la France. Des mesures ont été prises ces dernières années aux niveaux français, européen et international pour lutter contre ce phénomène. Avec la loi Sapin 2 en France, le paquet sur la lutte contre l'évasion fiscale de l'Union européenne, le sommet anticorruption de Londres en juin 2016 ou encore le sommet du Partenariat pour un gouvernement ouvert qui s'est tenu à Paris en décembre dernier, de nombreuses avancées ont été annoncées nous concernant, notamment la création de l'Agence française anticorruption et l'engagement de créer un registre ouvert des bénéficiaires effectifs.
Nous saluons ces efforts, mais nous constatons qu'ils ne sont pas encore suffisants et qu'il faut aller plus loin. La réponse à ces enjeux de nature transfrontalière ne pourra émerger qu'au niveau international et en collaboration avec une société civile mobilisée et informée. Il s'agit d'augmenter la puissance et l'effectivité des États. Le moyen le plus efficace sera une transparence accrue garantissant un réel contre-pouvoir citoyen.