Je profiterai de l'occasion pour poursuivre notre échange concernant le PIB. M. le rapporteur a indiqué être sensible à la préoccupation écologique que j'ai exprimée, tout en considérant qu'il restait possible de continuer à faire augmenter le PIB. Il percevait par ailleurs une contradiction entre notre remise en cause du modèle de croissance actuel et notre projet de faire augmenter de 2 points la part du PIB consacrée aux retraites pour financer la retraite à 60 ans après quarante annuités de cotisation pour tous. M. le secrétaire d'État a fait la même réponse.
Il existe pourtant une manière simple de récupérer ces deux points de PIB. Nous ne sommes pas obligés d'augmenter le PIB : il suffit de modifier la répartition à l'intérieur de ce dernier. Rappelons quelques chiffres. Depuis les années 1980, la part des dividendes versés aux actionnaires a triplé : en 1983, un salarié travaillait en moyenne deux semaines par an pour les actionnaires, contre plus de six semaines aujourd'hui. Là est l'argent, en quantités massives ! Les actionnaires s'approprient désormais plus de 150 milliards d'euros, qui devraient revenir aux salariés, soit 8 points de PIB. Si l'on y ajoute la fraude fiscale, qui s'élève à 100 milliards d'euros par an, on arrive à 14 points du PIB. En comptabilisant également les 80 milliards à 100 milliards d'euros d'optimisation fiscale, on aboutit à près de 20 points de PIB.
Il suffirait de récupérer 10 % de cette somme pour financer la retraite à 60 ans avec quarante annuités de cotisation pour toutes et tous. Voilà la bonne manière de faire.