Je regrette que nous ne saisissions pas l'occasion pour débattre de la situation des agriculteurs. J'ai entendu des dénégations du côté des bancs de la majorité lorsque mon collègue François Ruffin s'est exprimé. Je souhaite donc compléter ses propos.
Je vous rappelle que, dans votre réforme, seuls les chefs d'exploitation justifiant d'une carrière complète de quarante-trois ans et ayant cotisé à hauteur du SMIC seront éligibles à la pension minimale que vous avez définie. Exit donc les conjoints de paysans et les agriculteurs aux carrières hachés en raison d'incapacité, d'invalidité ou de toute autre cause. En d'autres termes, tous les plus fragiles sont exclus par les règles que vous mettez en place.
En outre, alors qu'un agriculteur touche en moyenne 855 euros de retraite, vous laissez penser qu'on atteindrait un palier considérablement élevé si l'on portait les pensions à 1 000 euros – ce qui ne vaudrait, je l'ai dit, que pour certains. Je trouve que vous portez peu de considération à ce que les agriculteurs apportent, à leur travail et à leur situation. Leur nombre ne cesse pourtant de diminuer, et je vous rappelle qu'un agriculteur se suicide chaque jour en France.
Ce n'est pas votre réforme qui permettra qu'une partie des agriculteurs perçoive une retraite minimale de 1 000 euros. En revanche un texte a autrefois été adopté en ce sens, auquel vous vous êtes opposés dès votre arrivée au pouvoir. Vous n'avez fait que ralentir l'application de cette mesure, à laquelle vous vous ralliez aujourd'hui, mais ne laissez pas penser qu'il y a le moindre rapport avec votre réforme et le système par points.