Je suis désolé mais je dois revenir sur les mots, qui renvoient en fait à une question de fond. On a tous à l'esprit la fameuse phrase de Camus, souvent utilisée à mauvais escient : « Mal nommer les choses, c'est ajouter à la misère du monde. » En l'espèce, cette maxime s'applique à la perfection : il n'est pas possible de qualifier ce système de retraite d'universel car le recours aux points engendre une individualisation ; ce sera donc le régime du chacun pour soi. Une véritable ambition d'équité aurait conduit à poursuivre le projet originel de la sécurité sociale en améliorant la solidarité entre les générations. Votre projet va au contraire renforcer, je l'ai dit, l'individualisation de la retraite. Un point cotisé par un ouvrier n'aura pas la même valeur qu'un point cotisé par un cadre, au regard de la pénibilité de leurs métiers et de leurs espérances de vie respectives. Parler d'universalité est une usurpation de langage visant à tromper nos concitoyens. Débattre de la qualification de cette réforme n'est pas un exercice formel : elle n'a rien d'universel et nous souhaitons la qualifier d'inéquitable.