Le Louvre Abou Dhabi est une réussite exceptionnelle par la qualité architecturale du site et par la qualité muséographique de l'établissement. La vocation de ce « musée monde » n'est pas seulement d'accueillir des collections du Louvre à Paris ou des collections dont il peut lui-même acquérir la propriété ; c'est aussi de présenter des expositions sur de nombreux sujets, attrayantes pour l'ensemble du Moyen-Orient et donc vecteurs d'attractivité touristique pour Abu Dhabi. Ce musée, qui devait répondre à de nombreux critères, s'installe remarquablement dans la durée : on dénombre certains jours jusqu'à 13 000 visiteurs, venus de partout.
C'est un bon exemple, et nous voulons proposer que le Louvre Abu Dhabi, né d'un partenariat entre le Louvre et les Émirats arabes unis, devienne un outil de développement de prestations d'ingénierie pour d'autres projets. Nous y travaillons pour le grand musée national du Caire en construction ; nous avons un partenariat significatif dans le domaine archéologique dans ce pays, et nous souhaitons faire en sorte que le musée du Caire soit aussi un bon exemple muséal. Nous sommes aussi en relations avec Addis-Abeba où, depuis le changement de régime politique, des projets sont envisagés pour lesquels une forte demande d'ingénierie muséale nous est faite.
Je mentionnerai enfin l'oasis d'Al Ula, à laquelle l'Institut du monde arabe consacre une exposition que je ne saurais trop vous recommander d'aller voir. Les autorités saoudiennes veulent mettre en valeur, par un impressionnant projet de revitalisation, un site pré-islamique et pré-arabe resté jusqu'à présent enfoui – ce qui, en termes idéologiques, marque une rupture. Il s'agit de faire un lieu d'exploitation touristique d'une région spectaculairement intéressante sur les plans archéologique, historique et géographique. Le roi d'Arabie Saoudite a confié à la France la responsabilité de la définition et de la mise en oeuvre de ce projet en tout point exceptionnel : Al Ula, cité majeure des Nabatéens, c'est Petra décuplée. L'Agence française Afalula, présidée par M. Mestrallet, est chargée d'accompagner son partenaire saoudien dans la transformation de la région en une destination culturelle et touristique mondiale.