Intervention de Florence Ribard

Réunion du mercredi 12 février 2020 à 9h35
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Florence Ribard :

Je suis très honorée d'être auditionnée par votre commission, ainsi que de la proposition du président de l'Assemblée nationale de me nommer à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Je sais l'importance de la mission confiée à cette institution et quelles personnalités éminentes y ont siégé et y siègent encore. Je suis honorée de me trouver devant vous mais également impressionnée : je passe en quelque sorte de l'autre côté du miroir. Il y a quelques semaines encore, j'assistais, comme nombre de mes collègues, à de nombreuses réunions de commissions – plutôt aux affaires économiques ou au développement durable – afin de rendre compte à la presse de leurs travaux. Je n'imaginais pas alors me retrouver devant la commission des Lois pour me présenter, exercice difficile s'il en est, et davantage encore pour une fonctionnaire parlementaire.

Je vais donc tâcher de décrire brièvement quel a été mon parcours professionnel, au-delà du curriculum vitae qui vous a été remis et des questions posées par Monsieur le rapporteur. Je dirais volontiers que c'est un parcours administratif au contact du politique. J'y ai appris un peu la politique et surtout le fonctionnement de l'État. Après des études généralistes de droit et de sciences politiques, j'ai été reçue en 1988 au concours d'administratrice adjointe à l'Assemblée nationale et affectée dans un service de questure, la trésorerie. Quelques mois plus tard, Laurent Fabius, alors président de l'Assemblée nationale, m'a proposé de travailler à ses côtés. S'est alors ouverte une parenthèse de plusieurs années. J'ai exercé auprès de lui les fonctions de cheffe de cabinet, de chargée de communication, d'assistante parlementaire dans des lieux aussi variés que le parcours de Laurent Fabius lui-même durant toute cette période : à la présidence de l'Assemblée nationale, à la direction d'un parti politique, d'un groupe parlementaire, au ministère de l'économie et des finances ou encore auprès de lui, dans l'exercice de son mandat de député.

En 2007, fermeture de la parenthèse et retour à l'Assemblée nationale. J'ai alors passé plusieurs années au service des relations internationales, à la commission des Finances, au secrétariat général de l'Assemblée parlementaire de la francophonie, jusqu'à mon dernier poste, au service de la communication. Certains des métiers que j'ai exercés m'ont donné la possibilité de travailler sur l'utilisation de l'argent public, les procédures budgétaires, la mise en oeuvre de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) ou encore les règles comptables. Cela m'a permis de mesurer les contraintes qui pèsent sur les hauts responsables publics et politiques, ainsi que la matérialité de leurs activités. Durant toutes ces années, j'ai toujours eu le goût du travail collectif et du dialogue avant toute prise de décision. J'ai organisé, conseillé, accompagné les décideurs politiques avec franchise, loyauté, impartialité, réserve, probité, sens de l'intérêt public. J'ai surtout appris à travailler d'une manière objective en respectant celles et ceux auprès desquels j'exerçais.

Ce sont les qualités requises d'une fonctionnaire parlementaire, lesquelles – je le crois – coïncident avec celles que l'on peut attendre d'un membre du collège de la Haute autorité : le sens de l'intérêt public, la neutralité, la réserve et l'indépendance, mais aussi la discrétion. Certes, je ne suis pas une spécialiste des questions traitées par la Haute autorité, même si je m'y suis plongée activement depuis quelques jours. Mais mon parcours montre que j'ai été en mesure de m'adapter, de prendre à bras le corps des sujets divers et parfois tout nouveaux pour moi, auxquels les hasards de la vie politique et administrative m'ont confrontée. Cette expérience variée me permettra de poser un regard opérationnel sur les contraintes et modes de fonctionnement des responsables publics. Tout cela devrait m'aider, si votre commission approuvait la proposition du président de l'Assemblée nationale, à agir de la manière la plus objective qui soit dans les différents domaines d'intervention de la Haute autorité. Ce serait pour moi une nouvelle et formidable expérience ainsi qu'un nouveau défi on ne peut plus utile, puisqu'il s'agit de renouer le lien de confiance entre les citoyens et ceux qui participent à l'exercice du pouvoir.

Monsieur le rapporteur, vous me demandez comment je compte exercer mon mandat. Je n'aurai pas une posture de sachante. Mon idée, en acceptant la proposition du président de l'Assemblée nationale, est de pouvoir faire valoir toute mon expérience, l'expérience de cette carrière longue de trente ans, pour que soit bien prises en compte la vie quotidienne et les contraintes que connaissent les responsables publics et politiques. Je crois que ma carrière me permet d'appréhender les problématiques posées à la Haute autorité de cette façon-là, et je compte exercer cette fonction de cette manière, sans a priori, en faisant jouer le contradictoire, le dialogue avec les déclarants si besoin. Je serai dans une posture de dialogue, de pédagogie, pas de couperet qui tombe. Voilà la manière dont je voudrais exercer cette fonction.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.