Intervention de Olivier Becht

Séance en hémicycle du mardi 7 novembre 2017 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht :

Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le président de la commission de la défense, madame et messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, le projet de budget pour 2018 que vous nous présentez aujourd'hui, madame la ministre, est particulièrement important puisqu'il s'agit de la traduction financière des priorités du Gouvernement en matière de défense, qu'il s'agisse en premier lieu, bien sûr, de la protection du territoire national et de nos concitoyens, mais aussi de la sauvegarde de nos intérêts, de notre capacité à intervenir à l'étranger, ou encore de la modernisation des armées et de leurs équipements.

Nous en avons tous conscience, il s'agit d'une mission difficile. Si, d'une part, le contexte budgétaire nous contraint à contenir les dépenses publiques, d'autre part le contexte de menaces croissantes – à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières – auxquelles nous faisons face doit, lui, nous conduire à renforcer rapidement les moyens de nos forces armées.

Le groupe Les Constructifs tient à saluer l'importance de l'effort financier que le Gouvernement va faire ces prochaines années en augmentant le budget des armées de près d'1,7 milliard d'euros par an jusqu'en 2022, avec l'objectif de porter l'effort de défense, à l'horizon 2025, à hauteur de 2 % du PIB.

S'agissant des opérations extérieures, nous tenons à saluer les milliers de femmes et d'hommes qui, pour nous protéger, risquent leur vie chaque jour sur le théâtre des opérations Chammal et Barkhane.

Il convient néanmoins de s'interroger, et donc de vous questionner, madame la ministre, sur le financement de ces mêmes opérations extérieures. En effet, ce projet de budget prévoit une augmentation significative de la provision inscrite au titre des OPEX, laquelle est portée à 650 millions d'euros pour 2018, ce qui représente une augmentation de près de 44 % par rapport aux crédits inscrits en 2017.

Cette provision augmentera ensuite, chaque année jusqu'en 2020, de 200 millions d'euros, l'objectif étant qu'elle dépasse la barre des 1 milliard d'euros afin de réduire la contribution des autres ministères au nom de l'effort collectif de défense.

Cet objectif, bien que certainement optimiste, nous semble louable. Toutefois, le transfert du financement des OPEX vers le seul budget des armées provoquera inévitablement des difficultés, puisque cette contribution croissante sera autant de crédits en moins pour les investissements et les programmes d'équipement de nos forces. Certes, ce sera sans doute supportable à court terme, d'autant qu'il est prévu que les crédits d'équipement soient augmentés de 1,2 milliard en 2018, mais qu'en sera-t-il à moyen et long terme, sachant que les infrastructures et le matériel de l'armée sont d'ores et déjà vieillissants ?

En outre, le financement des OPEX et du programme 146 pose inévitablement la question du report des charges, donc du respect de l'objectif annuel de stabilisation des restes à payer de l'État, prévu par l'article 14 du projet de loi de programmation des finances publiques.

Enfin, nous nous interrogeons sur la capacité à moyen terme de concilier les nécessaires dépenses d'équipement et de renouvellement des matériels avec les dépenses indispensables relatives à l'humain. Les efforts technologiques sont certes nécessaires, notamment dans le domaine du renseignement et de la logistique, mais ils ne doivent pas éclipser l'investissement humain, qui demeure stratégique pour contrôler les espaces et les milieux.

En ce qui concerne les emplois, nous saluons la création en 2018 de 518 équivalents temps plein travaillés, lesquels permettront notamment de renforcer les effectifs des services de renseignement et de cyberprotection, domaines ô combien stratégiques dès lors que le numérique constitue lui aussi une ligne de front contre le terrorisme. Toutefois, ce nombre demeure faible compte tenu des besoins et, surtout, des baisses passées. Il conviendra, dans les budgets futurs, de ne pas relâcher l'effort, et même de l'accroître.

Au-delà de ces considérations, que nous savons que vous partagez, madame la ministre, le groupe Les Constructifs soutiendra ce projet de budget, dans la mesure où il assurera une hausse inédite de l'effort financier en faveur des armées, seule à même de permettre à nos militaires de protéger nos concitoyens dans un monde qui n'a jamais été aussi dangereux et imprévisible.

Nous savons que ce n'est qu'un début. Nous saluons le signal positif. À vous de le confirmer sur l'ensemble de la stratégie budgétaire de la législature et dans la future loi de programmation militaire. Dans le domaine budgétaire comme dans le domaine militaire, madame la ministre, chers collègues, l'objectif ultime n'est pas de gagner la bataille, mais de se donner les moyens de gagner la guerre.

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