Je vous concéderai, madame la ministre, que ma question ne porte pas sur le budget d'aujourd'hui mais sur celui de demain : un parlementaire saisit toute occasion pour recueillir l'avis du Gouvernement.
Depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée, tout le monde évoque, à juste titre, une remontée en puissance et la préservation du modèle d'armée complète, ce dont on ne peut que se réjouir. Je veux cependant exprimer, devant le Gouvernement, la majorité et l'ensemble de la représentation nationale, mon inquiétude après les auditions menées ces derniers mois, tant sur la revue stratégique que pour entendre les responsables de nos armées et du Gouvernement.
Chacun plaide pour l'armée complète, mais il semble que l'on accepte qu'elle ne le soit que par intermittence. Je veux parler du renouvellement du porte-avions Charles de Gaulle. Notre nation, engagée dans une guerre longue, voit un élément essentiel de sa capacité militaire paralysé en raison d'opérations de maintenance – mais le délai pourrait être moins long – , compte tenu de l'usure des équipages et du besoin de repos, de renouvellement et de remise en condition. La revue stratégique évoque très justement la multiplicité des menaces, y compris quant à leur nature, et les atteintes possibles à nos intérêts dans des zones géographiques très différentes. Plutôt que le renouvellement du Charles de Gaulle, la question n'est-elle pas de savoir s'il nous faut un ou deux porte-avions ? De mon point de vue, d'ailleurs, l'alternative est plutôt entre aucun ou deux. Je m'explique.
À quoi sert d'avoir un porte-avions si l'on en est régulièrement privé ? Les Anglais ont d'ailleurs fait la même analyse : ils sont en train de mener, sur leur premier porte-avions, une deuxième série d'essais, et ont choisi d'en avoir deux. Nous ambitionnons d'être la première armée européenne, mais tout indique un renoncement à un second groupe aéronaval – puisque la question ne porte pas sur le porte-avions en tant que tel.
J'aimerais connaître la réflexion du Gouvernement en la matière, étant entendu que les décisions, elles, interviendront dans le cadre de la loi de programmation militaire.