La dissuasion nucléaire, dans notre pays, est actuellement formée d'une composante océanique et d'une composante aéroportée. Chacune d'elle a une fonction particulière dans le dispositif général de la dissuasion nucléaire : nous en avons bien conscience. Toutefois certains experts considèrent que la composante aéroportée est superflue dès lors que la doctrine d'emploi est strictement défensive.
Par ailleurs la France agit avec constance, depuis de nombreuses années, en faveur de la non-prolifération et du désarmement, et elle a raison de le faire. Le désarmement unilatéral n'est pas une option crédible, mais le redimensionnement de la dissuasion est l'une des mesures que la France pourrait mettre en oeuvre afin de donner un nouvel élan aux négociations internationales.
Les chiffres présentés dans les documents annexes au projet de loi de finances ne donnent pas un aperçu complet des dépenses engagées pour la dissuasion nucléaire. L'avis de M. le rapporteur spécial sur le budget opérationnel de la défense, disponible depuis hier seulement, et que j'ai consulté avec attention – comme il me l'avait conseillé en commission élargie – , n'apporte pas non plus suffisamment d'éléments pour éclairer les débats : il se contente de transcrire les propos du chef d'état-major de l'armée de l'air, d'ailleurs cités mot pour mot en commission.
La complémentarité des deux composantes n'a rien d'une évidence, contrairement à ce que certains prétendent. La suppression de la composante aéroportée est une possibilité. Elle pourrait être un élément d'une stratégie diplomatique en faveur du désarmement ; encore faut-il disposer d'éléments précis afin de juger de l'opportunité de la suppression de cette composante. Or pour distinguer les dépenses engagées pour chaque composante, et pour estimer les coûts d'une opération de démantèlement menée dans des conditions de sécurité optimale, des éléments budgétaires sont nécessaires.