Avant de passer la parole à Thierry Breton sur la chronologie de Madiprostate, puisque vous le réinterrogez sur ce point, je vais vous redonner quelques éléments concernant l'aspect médical du refus de la prolongation de cette étude en l'état.
L'étude Karuprostate a été financée par le programme hospitalier de recherche clinique – PHRC – en 2004, c'est-à-dire sur fonds de l'État, à la suite d'un appel à projet compétitif. Ces sujets-là étaient regardés de près, ne l'oublions pas. C'était évidemment une préoccupation de l'État.
Karuprostate comparait deux populations – des malades et des témoins – qui étaient toutes les deux exposées puisque tout le monde l'est en Guadeloupe. Par malchance, les deux populations n'étaient pas comparables en ce qui concerne certains facteurs de risque majeurs de cancer de la prostate, le plus important étant l'âge. Alors que l'âge médian d'apparition du cancer de la prostate se situe vers soixante-sept ou soixante-huit ans, en tout cas après soixante-cinq ans, la population des témoins avait soixante ans. En ce qui concerne les antécédents familiaux, il y avait aussi un déséquilibre entre les malades et les témoins.
L'analyse n'en a été que plus difficile et, en outre, elle a fait apparaître des éléments que nous ne savons pas expliquer et dont M. Multigner a fait très loyalement état. Ce qui ressort peut-être le mieux dans son étude, c'est que les malades qui ont quitté la zone d'exposition pour aller dans un pays occidental, probablement les États-Unis, s'extrayant ainsi de la zone à risque, sont ceux qui ont été les plus touchés par le cancer de la prostate.
Nous n'avons donc pas tout expliqué avec Karuprostate. Avec une étude cas-témoins, on essaie de voir s'il y a un lien statistique à explorer, à confirmer et à développer ensuite au moyen d'une étude biologique.