Je porterai une appréciation non pas sur l'intégralité des plans chlordécone, mais uniquement sur ceux qui concernent notre champ d'expertise. Pour partie, ils ont atteint leurs objectifs : il faut bien avoir à l'esprit que le plan chlordécone I a été à l'origine du financement des registres à la Guadeloupe, lesquels ont ensuite permis, avec tout de même un temps de maturation de cinq ans, de déployer les études. Nous avons considérablement renforcé le dispositif d'observation et de surveillance épidémiologique dans les Antilles. L'étude Karuprostate, qui présentait l'étude Madiprostate, n'a pas permis d'établir un protocole suffisant pour répondre scientifiquement à la question posée ; nous devons encore avancer dans ce travail.
Cette question, scientifiquement compliquée, n'est pas simple à traiter. De plus, ce n'est pas faire injure au docteur Multigner – c'est même rendre grâce à son travail – que de dire que l'enquête est difficile à monter méthodologiquement. En dépit de ses efforts et de l'accompagnement des experts ayant évalué Madiprostate, il n'a pas pu trouver l'organisation permettant de répondre à cette question.
Avec la direction générale de la santé, nous avons réuni un comité d'experts internationaux qui connaissent très bien le sujet afin de définir les conditions de réalisation de cette étude ; nous espérons que celle-ci sera inscrite dans le prochain plan chlordécone. L'attente des populations antillaises est très forte, et c'est bien normal, mais nous devons parvenir à y répondre scientifiquement. Telle est la mission confiée à l'Institut national du cancer ; il faut encore y travailler avec le docteur Multigner.