Votre première question rejoint celle du président : quelle stratégie pour quel objectif ? Tout le problème est de savoir quel est l'objectif final. Or, cette question, on peut le dire, n'a pas été vraiment abordée, peut-être parce qu'il s'agissait des premiers plans, I et II. Dans une certaine mesure, on s'en est tenu, de notre point de vue, à des réponses de court terme. Or, la population antillaise attend, à juste titre, non seulement un éclairage sur la réalité de la pollution et sur ses conséquences, mais aussi des solutions à court et moyen terme. De ce point de vue, le plan, en raison de sa complexité et de sa variété, avec des sous-objectifs à court et moyen terme, ne répondait pas à cette demande. Dans le rapport, cela est clair.
Pour établir un lien de confiance, il est nécessaire d'avoir, et c'est ce qui était proposé pour le plan II, une stratégie claire en indiquant où l'on veut aller et les moyens qu'on consacre à cette action. C'est un peu théorique, mais c'était notre idée : quels sont les méta-objectifs du plan ? S'agit-il de réduire l'exposition des populations antillaises, en les laissant vivre avec une pollution chronique mais réduite au maximum, ou faut-il aller vers une dépollution complète des îles ? A l'heure actuelle, je n'ai pas beaucoup d'informations et j'ai peu d'intuitions sur le sujet, mais, à l'époque, il était clair, en ce qui concerne l'impact du chlordécone sur la santé, qu'il existait une corrélation avait été établie mais qu'aucune relation de cause à effet extrêmement claire n'avait été établie. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit d'une pollution diffuse et à un niveau relativement faible. Néanmoins, un faisceau d'éléments toxicologiques montre que cette molécule est dangereuse. Il était donc absolument nécessaire de traiter le problème.
Encore une fois, il faut fixer un objectif défini auquel la population puisse adhérer et allouer les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif. En l'occurrence, le plan était construit de telle manière qu'il était extrêmement difficile de savoir où l'on allait. Mais, je l'ai dit, c'était le premier plan. Nous verrons, dans le cadre du plan suivant, si les choses ont évolué dans ce domaine.