À titre personnel, je dirai que lorsque se pose une problématique telle que celle de la pollution à la chlordécone, nécessitant d'aborder des fronts de science – par exemple, quels sont les effets de la molécule sur la santé, et comment elle se dégrade –, on trouve forcément des chercheurs pour s'y atteler, à condition qu'il y ait des financements pour cela, évidemment.
Pour ce qui est de notre processus de sélection, il est basé sur la qualité scientifique des projets. Quand on regarde bien, il n'y a eu que quarante-huit projets déposés en quatorze ans, ce qui est finalement assez peu, et je rappelle que nous avons financé treize de ces projets – en comptant ceux portant sur le paraquat. Cela montre que la communauté scientifique ne s'est pas encore vraiment saisie de ce sujet, à l'exception de certaines équipes, notamment celles ayant pu trouver un financement auprès d'autres instances que la nôtre – je pense par exemple à des études épidémiologiques réalisées sur des cohortes – ou de certains organismes de recherche tels que le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Pour ce qui est du rôle de perturbateur endocrinien que peuvent avoir le chlordécone et le paraquat, nous travaillons en concertation avec l'ANSES, ce qui permet une certaine complémentarité. Comme vous le voyez, des recherches sont d'ores et déjà menées, mais on peut penser que des financements spécifiques permettraient à l'ANR de faire en sorte qu'elles soient mieux coordonnées qu'aujourd'hui.