L'amendement no 24931 me donne l'occasion de me faire l'écho devant vous, collègues, de la rencontre que nous venons d'avoir à l'instant avec des avocats, dont un bâtonnier. Juste auparavant, j'avais rencontré le bâtonnier de Lyon et son adjointe. Je suis frappé – et vous savez que mon expérience politique est longue puisque, comme cela a été rappelé hier, on l'avait sous-estimée à seulement trente ans alors qu'elle en est à cinquante – de voir une catégorie sociale entière basculer dans une position d'insurrection citoyenne contre un ordre. C'est curieux car ce ne sont pas les milieux qui, d'habitude, partagent les méthodes de revendication du salariat organisé, que vous avez observées de vos propres yeux.
Leur basculement tient au fait qu'ils se savent et se sentent condamnés. Je le dis comme ils le disent ; vous le prendrez comme vous voulez. Ils sont persuadés, d'une part, que l'élévation des niveaux de cotisation conduira à la fermeture d'un très grand nombre de cabinets d'avocats et, d'autre part, que cela correspond à votre vision de l'avenir de leur métier. Ils pensent que les ministres qui se sont exprimés sur le sujet, voire le Président de la République, les considèrent comme une espèce en voie d'extinction qui sera demain remplacée, à la faveur des modifications de comportement, par une justice par QCM où chacun mettra des petites croix dans des petites cases et où l'intelligence artificielle rendra les décisions. Voilà ce qu'on leur a dit et ce qu'ils ont compris.