La question qui vient d'être posée par M. Vallaud mérite une réponse précise.
Je veux rebondir sur ce que disait M. Dharréville à propos de l'âge. Il y a plusieurs âges qui comptent en matière de retraite. Celle-ci est d'ailleurs, au fond, essentiellement une affaire d'âge, contrairement à ce que le Gouvernement a pendant longtemps prétendu – l'ancien haut-commissaire aux retraites nous a ainsi dit à plusieurs reprises qu'il ne serait pas question d'âge dans la réforme. On est bien sûr rattrapé par la réalité.
Il y a l'âge légal de départ à la retraite, l'âge réel de départ, l'âge pivot désormais, l'âge correspondant à l'espérance de vie en bonne santé… Ce qui compte, c'est bien sûr l'âge réel et l'âge légal de départ. Ce dernier correspond au moment auquel on a le droit de partir en retraite ; mais ensuite, on fait ce que l'on veut, ou ce que l'on peut. Si la pension n'est pas assez élevée, avec le système actuel fondé sur les cotisations et les annuités, on peut continuer à travailler. Dans certaines professions, notamment celles qui sont dotées de caisses autonomes, on souhaite souvent travailler au-delà de l'âge légal de départ ; ainsi, les avocats travaillent plus longtemps. Les personnes n'ayant pas cotisé assez longtemps et n'ayant donc pas suffisamment d'annuités diffèrent également leur départ. D'autres, au contraire, ne peuvent plus travailler pour différentes raisons.
Tout cela, c'est la vie. La question fondamentale est de savoir quel âge légal permet d'aboutir à l'équilibre du système de retraite. L'âge étant la donnée fondamentale de cet équilibre, il doit être au coeur de notre réflexion. Le Gouvernement propose un âge pivot qui est un entre-deux, un succédané qui correspond à un recul de l'âge de départ sans vraiment en être un. Nous reviendrons sur cette question.
Dans aucun pays, l'âge réel de départ n'équivaut à l'âge légal, tout simplement car il dépend de la décision personnelle du moment où l'on souhaite partir à la retraite.