Nous proposons là d'exclure définitivement les marins de ce mauvais projet de loi. Les marins et les professions de la mer constituent un monde très particulier, dont le régime de retraite est l'héritier d'un compromis historique remontant à Colbert, en 1673. Ses racines sont demeurées intactes jusqu'à aujourd'hui, même s'il a évidemment évolué. Un droit du travail moins favorable, des conditions de travail pénibles : les marins sont confrontés chaque jour à un outil de travail complexe et dangereux, un outil de vie qui engage tout leur corps dans leur travail. Le droit à la retraite actuel des marins permet de préserver des salariés qui subissent les forces naturelles et la dureté du labeur au quotidien, les autorisant à cesser leur activité à un âge anticipé.
Pour preuve, nous savons que, tous secteurs de la navigation compris, un marin a six chances sur dix d'être victime d'un accident du travail. Il s'agit d'un métier à risque, dangereux, qui doit entraîner un droit à la retraite à même de compenser sa pénibilité et son caractère anxiogène. Dans le cas contraire, que répondrions-nous aux marins, dont le taux de décès est plus de onze fois supérieur aux métiers terrestres et plus de quatre fois supérieur au secteur du BTP, pourtant deuxième corps de métier comportant le plus de dangers ?
Nous n'acceptons donc pas que le sort des marins soit renvoyé à une ordonnance et à de vagues négociations. Ils doivent être exclus de cette mauvaise réforme : nous revendiquons pour eux le droit à la retraite dès 55 ans, le droit à une pension d'ancienneté dès 50 ans et des droits sociaux importants, comme autant de réponses à l'ingratitude d'un métier qui demeure encore trop peu attractif, même si ceux qui l'exercent en sont passionnés. Alors que la profession peine à recruter, que répondre aux jeunes générations s'il leur est exigé d'atteindre votre âge pivot de 64 ans ? A cet âge, depuis des années déjà, ils auront le corps meurtri et subiront une espérance de vie bien inférieure à celle d'autres professions.
Par ces amendements, nous vous demandons de faire sortir définitivement les marins et les gens de mer de votre projet, afin que soit garanti pour eux un régime de protection sociale ambitieux.