Je voudrais continuer à défendre mon idée. Je considère qu'il n'est pas responsable de faire le pari d'une croissance infinie. Il y a beaucoup de domaines qui doivent croître : les métiers d'aide à la personne, la planification écologique, l'économie de la mer et toute une série d'industries en font partie. Mais il y a aussi beaucoup de secteurs de l'économie que nous devrions faire décroître. Donc faire le pari d'une croissance exponentielle, voire d'un « panier » dont le volume irait jusqu'à doubler, est non seulement impossible à garantir – même les projections de croissance à quelques années sont souvent démenties – , mais irresponsable.
Souvent, vous nous avez pris à témoin pour nous expliquer que vous ne vouliez pas laisser de déficit à vos enfants. On pourrait longuement débattre sur le fait que ce déficit est une construction politique, due notamment aux exonérations que vous avez accordées, au gel du point d'indice des fonctionnaires et à d'autres facteurs. Mais la dette écologique qu'on s'apprête à laisser à nos enfants les mettra au pied du mur ; ils seront obligés d'en relever le défi – si on n'a pas déjà franchi des seuils irréversibles.
Dans ce contexte, établir l'équilibre financier de votre système de retraite sur l'hypothèse d'une croissance sans cesse en augmentation, seule garantie d'un niveau de pensions stable, représente un pari non seulement hasardeux, mais qui plus est irresponsable et dangereux. Notre idée – considérer que la richesse d'ores et déjà créée doit être mieux répartie et aller davantage au travail, et donc aux retraites, et moins au capital – est plus raisonnable. Vous le savez : on produit plus et plus vite qu'avant, mais cette richesse est très mal répartie. Il n'y a pas besoin de renverser la tendance considérablement pour financer un système de retraite convenable.