Après deux ans et demi d'exercice de ses responsabilités, nous avons pu constater certaines obsessions idéologiques de la majorité. L'une d'entre elles concerne les fonctionnaires : force est d'admettre que vous ne les aimez pas beaucoup. Après avoir voté un texte de modernisation de la fonction publique qui ne vise en réalité pas autre chose que sa précarisation et la contractualisation massive, après avoir perpétué le gel du point d'indice et des salaires des fonctionnaires, vous vous attaquez désormais à leurs retraites.
Mécaniquement, la prise en compte de l'ensemble des rémunérations, y compris celles souvent très faibles du début de carrière, pénalisera lourdement tous les agents du service public. L'intégration des primes ne suffira pas à compenser cette perte gigantesque ; elle aura même des effets pervers, aggravant l'inégalité entre les femmes et les hommes et les inégalités entre catégories sociales. En effet, les agents de catégorie C, et dans une moindre mesure ceux de catégorie B, perçoivent moins de primes et auront une retraite plus faible. Quant aux professeurs, dont on sait qu'ils figurent parmi les moins bien rémunérés des pays de l'OCDE, ils seront les dindons de la farce, nous aurons l'occasion d'y revenir dans d'autres articles.
Les fonctionnaires, dont le statut garantit la neutralité, la laïcité et un service public à la française, sont l'une des principales forces de notre pays. Avec la loi de transformation de la fonction publique et le régime auquel vous voulez les condamner par le biais de cette réforme des retraites, vous affaiblissez l'un de nos fleurons : un service public puissant et des agents de la fonction publique forts de leur statut et d'une rémunération digne.