… car il a voulu faire adopter cette réforme à marche forcée. En utilisant l'article 49, alinéa 3, vous ne venez pas au secours d'une assemblée gênée dans ses débats : non, vous nous dites que ce texte passera, avec ou sans débat, avec ou sans vote, avec ou sans nous. Ce sera malheureusement sans nous.
Je ne tire aucune satisfaction à prononcer ces paroles. Je ne me réjouis pas de voir nos travaux échouer et nos espoirs s'échouer. Car il s'agit bien d'un échec.
L'utilisation du 49. 3 est en effet l'aveu de faiblesse d'un gouvernement qui n'a pas su convaincre et qui n'a su créer la confiance ni du Parlement, ni des partenaires sociaux, ni des citoyens. Le rendez-vous est manqué, l'opportunité est gâchée. Et c'est empli d'amertume que le groupe Libertés et territoires aborde les motions de censure qui nous sont aujourd'hui présentées.
Notre groupe était pourtant prêt : prêt à travailler avec tous, prêt à débattre et prêt à enrichir un texte qui nourrissait tant d'espoir. Notre groupe, depuis un an, a pris cette opportunité très au sérieux. Dès le grand débat national, le groupe Libertés et territoires a pris soin de répondre à la lettre envoyée par le Président de la République, en partageant notamment sa vision d'un système de retraite plus juste et plus solidaire.
Nous nous sommes impliqués au sein du groupe de travail sur la réforme des retraites, nous avons suivi avec attention les concertations menées par le haut-commissaire de l'époque, M. Delevoye, et nous avons, nous aussi, mené des auditions. Nous nous retrouvions même dans les objectifs affichés par le Gouvernement au travers de cette réforme, à savoir l'instauration d'un système universel par points, plus lisible, plus juste et plus solidaire.
Un système qui s'attaquerait aux injustices à l'endroit des femmes, des carrières heurtées, des carrières longues et des métiers pénibles.
Un système qui offrirait à tous un niveau de vie digne, en particulier à ceux qui en sont trop souvent privés, comme les exploitants agricoles, les commerçants et les artisans.
Un système universel, mais surtout solidaire, qui prenne en compte certaines spécificités : ici, je songe évidemment aux aidants, aux personnes en situation de handicap, ou à celles touchées par la maladie.
Un système qui réaffirmerait la place du travail dans notre société, mais qui s'attacherait à le valoriser dans toutes ses acceptions, en intégrant à cette réflexion le bénévolat, le volontariat, les stages et les études.
Quelque part, monsieur le Premier ministre, vous avez péché par défaut d'humilité. Si notre système actuel n'est pas parfait, il est malgré tout riche et protecteur. Il est le fruit d'une histoire sociale, de combats, de luttes et de dialogues.