Nous devons des explications de vote à nos concitoyens. En effet, l'heure est grave, et même solennelle. Malgré cela, la représentation nationale est debout et rassemblée. Tous, sans exception, nous mesurons le poids de nos fonctions et la charge singulière qui nous est confiée de représenter l'ensemble de nos collègues, dont nous portons les délégations de vote – je la ressens moi-même particulièrement à cet instant. En procédant ainsi, nous représentons la nation rassemblée : c'est notre devoir et notre honneur d'être présents.
Si j'insiste, peut-être un peu lourdement, sur ce point, c'est que certains s'étonnent que nous siégions. Eh bien oui, nous siégeons ! Tous ensemble, ici, nous sommes la République. Tous ensemble, ici, nous avons un esprit de résistance. Nous honorons le rendez-vous démocratique indispensable en une telle occasion. Plus que jamais, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics doit être assuré. Les travaux que nous allons achever font honneur à la République. Le pays est en guerre, mais notre démocratie tient bon et notre nation est solidaire, plus solidaire qu'on ne le pense. Il est bon de le rappeler.
Nous adressons nos pensées aux familles endeuillées, à celles et ceux qui souffrent, qui sont confinés et qui se demandent de quoi demain sera fait. Je salue également nos collègues députés, les agents de l'Assemblée et nos collaborateurs, dont certains sont souffrants.
Il y aura un avant et un après, dans le monde entier et pour chacun d'entre nous. Des bilans et des évaluations viendront, sans aucun doute. Mais aujourd'hui, l'heure n'est pas à la polémique ; elle est aux débats qui vont s'achever. Après neuf heures en commission des lois et quasiment quinze heures de débat en séance publique, le bilan est bon. Dans un esprit de responsabilité, dans un esprit d'unité nationale, nous avons essayé d'être le plus concret possible, à l'écoute des besoins du pays.
Venons-en au texte. Oui, le groupe Les Républicains approuve l'état d'urgence sanitaire, dans le respect de l'État de droit. Nous avons parfois émis des interrogations sur le contrôle des pouvoirs accordés au Gouvernement car, si les pouvoirs sont exceptionnels, les contrôles ne peuvent être l'exception, comme nous l'avons rappelé à plusieurs reprises.
Oui, nous sommes aussi pour l'état d'urgence économique. Nous devons être à l'écoute des entreprises, des salariés, des indépendants, des commerçants, des agriculteurs. Protégeons nos entreprises, protégeons nos savoir-faire et préparons maintenant la relance de l'économie.
Oui, nous approuvons le volet électoral dont nous venons de débattre. Il peut paraître technique, mais il est indispensable à la continuité des pouvoirs publics des 36 000 communes de France, les 36 000 petites républiques dans la grande. Cela mérite le respect. Il faudra voir avec les intercommunalités comment garantir le fonctionnement des services publics au plus près de nos concitoyens.
Sur ces trois volets essentiels restent encore quelques divergences, dont nous avons longuement débattu, mais rien n'exclut à ce stade que nous trouvions in fine un accord en commission mixte paritaire.
C'est sous le regard de nos concitoyens que nous travaillons. Ce sont eux qui nous jugeront. Soyons dignes de la mission qui est la nôtre.