Intervention de Christophe Bouillon

Séance en hémicycle du samedi 21 mars 2020 à 21h30
Urgence face à l'épidémie de covid-19 — Explications de vote (projet de loi)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Bouillon :

Avec les membres du groupe Socialistes et apparentés, nous avons poursuivi trois impératifs.

Le premier est de prendre soin des Français. Aujourd'hui, prendre soin des Français, c'est veiller à la stricte application de la consigne de rester chez soi. C'est la raison pour laquelle nous sommes favorables à l'état d'urgence sanitaire. Prendre soin des Français, c'est prendre soin de ceux qui prennent soin des Français – aujourd'hui, les blouses blanches. Depuis mardi dernier, on évoque la guerre contre ce virus. Dans cette guerre, nous avons une grande armée : ce sont les blouses blanches. Malheureusement, l'intendance ne suit pas : reste toujours la question des masques, des gels et des tests, à laquelle il faudra répondre. Prendre soin des Français, c'est prendre soin des salariés, qui sont aujourd'hui, en quelque sorte, le back office de la France, ceux qui font tourner la France. Si l'on veut prendre soin de ces salariés, qui sont essentiels à notre pays dans le contexte actuel, il faut aussi pouvoir les protéger et édicter des consignes valables pour tous.

Le deuxième impératif que nous avons poursuivi est de prendre soin de la France. Prendre soin de la France, c'est s'occuper de son économie, mais aussi de son modèle social. Oui, il faut éviter que nombre d'entreprises connaissent des faillites ; que, dans ces entreprises, les compétences viennent à disparaître ; que les salariés soient durement touchés par cette crise et que certains perdent leur emploi. C'est la raison pour laquelle nous sommes favorables aux mesures d'urgence pour ce qui concerne l'adaptation de notre économie, mais il faut pouvoir le faire sans passer par pertes et profits le dialogue social.

Enfin, le troisième impératif que nous avons poursuivi est de prendre soin de la République. Nous sommes attachés à l'équilibre des pouvoirs. Les droits du Parlement ne peuvent être confinés ou, en tout cas, pas plus longtemps que ne durera le confinement lui-même. On ne touche pas aux libertés fondamentales sans avoir la main qui tremble. Il faut limiter la durée du recours à ces pouvoirs exorbitants et les placer sous le contrôle du Parlement. Il ne faudrait pas, finalement, que la crise sanitaire, qui entraîne déjà, comme nous le voyons, une crise économique et une crise financière, conduise à une crise démocratique et à une crise sociale.

En responsabilité, nous soutenons donc l'état d'urgence sanitaire, mais pas à n'importe quel prix. Il faut montrer au monde que notre démocratie peut faire face à cette crise inédite sans s'effacer. Notre pays se doit d'être résilient. Viendra l'heure des bilans et des responsabilités, mais l'heure est maintenant à l'état d'urgence sanitaire. Nous nous abstiendrons majoritairement : ce sera le cas de vingt-sept membres de notre groupe, et trois voteront contre.

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