Intervention de Christophe Bouillon

Séance en hémicycle du dimanche 22 mars 2020 à 18h30
Urgence face à l'épidémie de covid-19 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Bouillon :

Au nom du groupe Socialistes et apparentés, mes premières pensées vont bien évidemment aux familles endeuillées, à celles et ceux qui souffrent. Aujourd'hui, de nombreuses personnes luttent contre la maladie dans notre pays. J'ai également une pensée pour nos collègues, pour vos collègues ministres, pour les agents de cette maison et pour nos collaborateurs.

Je peux témoigner comme vous tous, depuis jeudi, qu'il s'exprime aussi un grand sens des responsabilités. Sur chacun de ces bancs, nous faisons preuve d'une intelligence utile. Notre travail depuis quatre jours est important, utile et nécessaire ; il grandit le Parlement, et apporte une très belle démonstration de ce que nous sommes capables de faire lorsque nous savons nous rassembler sur l'essentiel, discuter, débattre, construire. Là est l'important. Aucune des questions posées n'a été inutile. Au contraire, elles ont toutes permis d'avancer.

Nous avons constaté les uns et les autres qu'il était important de pouvoir se reposer sur le Parlement, sur ce que nous représentons chacun et chacune. Depuis le début, avec nos collègues, nous avons eu pour boussole une direction, trois impératifs.

Le premier est de prendre soin des Français. Pour cela, il faut que la consigne essentielle – rester chez soi – soit strictement appliquée. C'est la raison pour laquelle nous sommes très favorables à toutes les mesures qui permettent de satisfaire à cette exigence absolue et d'organiser ce confinement, essentiel dans la lutte contre la maladie.

Prendre soin des Français, c'est aussi prendre soin de ceux qui prennent soin des Français. Nous avons tous eu une pensée pour les blouses blanches, qui, dans cette guerre, passez-moi l'expression, sont en quelque sorte notre grande armée, à qui il faut donner les moyens – masques, gels, respirateurs, tests. Bref, il faut que l'intendance suive : il est essentiel que tous les moyens soient accordés dans ce combat à celles et ceux qui sont au front.

Prendre soin des Français, c'est prendre soin des salariés, de celles et ceux grâce à qui, au quotidien, la France tourne, les magasins sont approvisionnés, les moyens de transport circulent. Chacun dans des fonctions différentes, ils sont essentiels à la vie de notre Nation ; c'est un peu le back office de notre pays. Il faut, pour protéger notre économie, protéger ces salariés qui attendent beaucoup de nous. Il doivent savoir qu'à travers ces nombreuses dispositions, nous répondons à leurs inquiétudes.

Le deuxième impératif est de prendre soin de la France. Pour son économie, il est essentiel de prévenir les faillites, d'éviter que les salariés se retrouvent à la rue ou dans des situations difficiles. Ce texte comporte des mesures qui vont dans ce sens et que nous soutenons. Pour la même raison, nous avons voté en faveur du projet de loi de finances rectificative, qui apporte des réponses pour l'économie.

Outre l'économie, notre modèle social est essentiel. Il faut conjuguer les deux : ne passons pas par pertes et profits, au nom des impératifs économiques, le dialogue social, car il est essentiel. Nous devons aller plus loin en la matière, et garantir aujourd'hui aux salariés que leurs droits ne seront pas diminués. Il est essentiel qu'ils soient pleinement mobilisés ; ils ne peuvent l'être que dans le dialogue social.

Enfin, le troisième impératif est de prendre soin de la République. Nous sommes attachés à l'équilibre des pouvoirs. Nous conjuguons depuis toujours l'ordre et la liberté, c'est notre grammaire. Continuons à le faire. Les droits du Parlement ne doivent pas être confinés, en tout cas pas au-delà du confinement. Faisons en sorte d'apporter des réponses en la matière.

Lorsqu'on touche aux libertés fondamentales, il faut que ce soit d'une main qui tremble. Les pouvoirs exorbitants ne doivent être confiés que pour des délais raisonnables, et toujours sous le contrôle du Parlement – c'est essentiel. À cet égard, ne nous plaçons pas en dessous des mesures que nous avons été capables de prendre lors d'une époque terrible, en 2015-2016, au moment de l'application de l'état d'urgence.

Enfin, si nous voulons éviter que la crise sanitaire, qui entraîne déjà une crise financière et économique, ne s'accompagne aussi d'une crise démocratique et sociale, il nous faut conjuguer tous ces aspects.

C'est la raison pour laquelle nous sommes favorables à l'état d'urgence sanitaire et ne nous opposerons pas aux mesures prévues ; mais nous souhaitons faire ce choix en responsabilité.

Vous pouvez compter sur nous dans la bataille contre le virus. Nous y contribuerons, avec en bandoulière la devise de notre république : liberté, égalité, fraternité.

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