Intervention de Richard Ferrand

Séance en hémicycle du mardi 31 mars 2020 à 15h00
Déclaration de m. le président

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRichard Ferrand, président :

Monsieur le Premier ministre, messieurs les membres du Gouvernement, mes chers collègues, avant d'appeler l'examen des questions au Gouvernement, je voudrais saluer, au nom de la représentation nationale, le courage et la mobilisation des habitants de notre pays dans les heures difficiles que nous traversons.

Chaque jour, le noir bilan du coronavirus s'alourdit un peu plus. Des consignes sévères ont été données ; j'observe que nos concitoyennes et nos concitoyens, dans leur immense majorité, les respectent, contribuant ainsi à enrayer la progression de la pandémie. Pour autant, le pays n'est pas à l'arrêt. La France lutte, et elle surmontera cette épreuve.

C'est pour cela que nous siégeons, certes en format très restreint : pour assurer notre mission constitutionnelle et faire vivre notre démocratie. C'est pour cela aussi que d'innombrables professionnels de santé, du secours, du soin et de l'aide, fonctionnaires de tous secteurs, militaires, cheminots, transporteurs, livreurs, acteurs de la logistique, paysans, ouvriers, pêcheurs et professionnels indispensables à la vie économique et sociale de notre pays, font tous les efforts pour maintenir, chaque jour, les activités essentielles. Ces citoyens engagés – aux côtés de tous les autres – , je les salue, et je sais que chacun ici les salue comme moi. Parce qu'ils travaillent à sauver des vies, parce qu'ils s'exposent pour la collectivité, ils méritent plus que notre gratitude. Je leur dis notre admiration.

La France est forte. Elle le prouve dans la confrontation en cours avec un péril sournois qu'elle est décidée à vaincre. Cette guerre – car c'est une guerre – a endeuillé de nombreuses familles. Nous partageons leur peine. Nous partageons les souffrances de celles et de ceux qui sont touchés par la maladie, ou qui s'inquiètent pour un proche. Avoir un ami en réanimation sans pouvoir lui rendre visite ou perdre un parent sans pouvoir s'incliner sur sa tombe est un redoublement de la peine. Cette douleur est la nôtre, à nous, représentants de la nation tout entière.

La pandémie a aussi endeuillé notre République, en enlevant la vie à notre ancien collègue Patrick Devedjian, qui, pendant plus de trente ans – soit comme député, soit comme ministre – siégea dans cet hémicycle. Je n'ai pas besoin de rappeler l'orateur qu'il fut : tout feu, tout flamme, inspirant le respect à ses adversaires politiques eux-mêmes par l'étendue de sa culture, son indépendance d'esprit et son brio. À sa famille, à ses amis et à ses collaborateurs, j'adresse les condoléances émues de la représentation nationale.

Enfin, notre assemblée est endeuillée par la disparition de notre collègue Jean-François Cesarini, qui luttait depuis trois années contre une autre maladie, tout aussi redoutable. Dans ses derniers jours de mandat encore, il mettait son expérience de patient au service de la France, en offrant à tous un parcours numérique pour que chacun puisse effectuer ses démarches en ligne durant le confinement. Son dernier acte politique fut de saluer l'action de M. le ministre des solidarités et de la santé, ainsi que celle des personnels soignants, contre le Covid-19.

Chez Jean-François Cesarini, l'altruisme allait de pair avec un profond humanisme – un humanisme en action, qui passait par l'engagement public, l'innovation technologique et la culture. Il aimait la poésie, le théâtre et la chanson. Héritier des Lumières, il savait le pouvoir des arts dans le projet des individus et des sociétés.

Amoureux d'Avignon, sa ville natale, il y avait pris fait et cause pour la French Tech Culture au service du développement local. Au Palais-Bourbon, nous retiendrons le sourire de ce social-démocrate, citoyen du monde, qui portait haut les idéaux de fraternité humaine. Je prononcerai son éloge funèbre lors d'une prochaine séance. Je vous demande de bien vouloir observer une minute de silence.

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