Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mardi 31 mars 2020 à 15h00
Questions au gouvernement — Stratégie du gouvernement pour la sortie du confinement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Monsieur le Premier ministre, vous avez décidé de la prolongation du confinement pour quinze jours. Dont acte. Les Français sont respectueux des consignes dans un moment de péril sanitaire. Les inégalités, elles, ne sont pas confinées. Quatre millions de personnes sont mal-logées et 1,3 million de personnes vivent dans des logements indignes : pour elles, le confinement forcé, c'est la prison.

Le confinement, c'est aussi l'explosion des violences intrafamiliales, que subissent essentiellement les femmes et les enfants. Dès le début de ce moment exceptionnel, nous avions formulé des craintes vis-à-vis de vos prises de décision. Nous espérions être démentis ; vous les avez confirmées.

En effet, l'aveuglement capitaliste qui vous a toujours guidé, lui, n'est pas confiné. Après nous avoir refusé le rétablissement, fût-ce temporaire, de l'impôt de solidarité sur la fortune, voilà votre ministre des comptes publics en train de faire la manche et de réinventer les impôts sous la forme de cagnottes en ligne.

À lire le contenu de vos ordonnances, qui attaquent le droit du travail et les libertés fondamentales, on se demande ce que vous faites. Plutôt que de préparer la sortie du confinement, ne seriez-vous pas en train de poser les jalons d'un nouveau choc néolibéral ? Notre inquiétude grandit, monsieur le Premier ministre : avez-vous pensé l'après ? Préparez-vous le long processus qui s'ouvrira, celui du déconfinement ?

Pour cela, il n'existe pas d'autre solution que de tester, et ce de manière massive, toute la population, sachant qu'il est nécessaire de le faire dès maintenant pour toutes les personnes qui travaillent. Combien manque-t-il de tests ? Quelles sont nos capacités de production ? Pourquoi refusez-vous l'aide des laboratoires vétérinaires, lesquels vous la proposent depuis deux semaines et pourraient produire des centaines de milliers de tests ?

Il nous faudra aussi confiner les malades séparément. Quelles sont les capacités d'hébergement disponibles ? Autant de questions sans réponses.

Le monde d'après se bâtit maintenant. La bifurcation est commencée, sur d'autres bases, avec d'autres principes et d'autres moyens. Les mots du monde d'après sont simples : souveraineté populaire, planification, réquisitions.

Vous assénez que vous ne laisserez personne dire qu'il y a eu du retard pour prendre les mesures de confinement : nous le disons ! Il y a eu du retard à l'allumage, et si rien n'est anticipé, nous vous dirons bientôt, et des millions de Français avec nous, qu'il y a eu du retard pour prendre les mesures de déconfinement.

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