Un dispositif spécifique sera consacré à ce secteur. Avec Gérald Darmanin, Muriel Pénicaud et Jean-Baptiste Lemoyne, nous aurons, dès cet après-midi, une première réunion de travail, après quoi nous solliciterons tous les représentants professionnels du secteur pour travailler à une reprise d'activité que je souhaite la plus rapide possible. Je crois pouvoir m'exprimer en votre nom à tous pour dire ma sympathie et mon soutien aux secteurs de la restauration, de l'événementiel, de l'hôtellerie, des bars, de tout ce qui fait notre vie quotidienne. Ils ne pourront reprendre tout de suite leur activité dans des conditions normales, mais le plus tôt sera le mieux. Les restaurateurs de France auront besoin de dispositifs de soutien spécifiques ; nous les instaurerons au moment de leur reprise.
S'agissant de la question européenne, M. Mélenchon évoque une dérobade ; je parlerais plutôt de sursaut. S'il y a un point sur lequel je suis d'accord avec vous, monsieur Mélenchon, c'est sur le fait que le sens politique de la construction européenne et de la zone euro est en jeu. Si la construction politique européenne ne retrouve pas son sens fondamental, celui d'une solidarité partagée entre États nations, et si la zone euro n'est pas capable de réduire les divergences économiques entre ses dix-neuf États membres, elle disparaîtra du XXIe siècle et laissera la place aux États-Unis et à la Chine. Quant à la zone euro, je le répète, elle ne résistera pas à l'accroissement des divergences de développement économique entre ses États membres. Il est impossible, intenable, d'avoir une monnaie commune et des États membres qui se développent différemment, avec les uns qui gagnent en compétitivité, exportent et sont puissants, et les autres qui perdent en productivité, en compétitivité et en richesse année après année. Le rôle de la France est de rappeler qu'au XXIe siècle, le continent indispensable est le continent européen. En effet, entre le modèle de développement politique de la Chine et le modèle de développement économique des États-Unis, il y a la place pour un modèle de développement raisonnable et respectueux des valeurs humaines : ce modèle s'appelle l'Europe.
C'est pourquoi, au-delà du plan d'urgence de 540 milliards qui a déjà été adopté, il est indispensable que la BCE continue le travail qu'elle a initié en soutenant le financement de la dette des États et il est tout aussi indispensable que nous tombions très rapidement d'accord sur le fonds de relance que la France a proposé. J'invite tous nos partenaires européens à considérer attentivement la proposition française : ce fonds de relance consiste à lever de la dette en commun pour l'avenir ; il ne s'agit pas de créer des eurobonds mettant en commun la dette passée et future, mais de lever de la dette ensemble en mutualisant notre taux d'intérêt pour qu'il soit le plus bas possible, afin de financer de la dette future et des investissements – et non pas des dépenses de fonctionnement – , pour un temps réduit, pas ad vitam aeternam.
Cela nous paraît constituer la meilleure solution économique et la meilleure solution politique, car c'est ce qui permettra de financer des investissements dans tous les pays de la zone euro, d'éviter que des fractures économiques plus profondes ne se créent, et de redémarrer au même rythme, avec la même vigueur, afin de retrouver le chemin de la croissance durable.