Nous vivons collectivement un moment unique, une crise qui nous a tous plongés dans l'inconnu il y a plusieurs semaines. En effet, pour protéger les Français, notamment les plus fragiles d'entre eux, le Président de la République a pris la seule mesure qui vaille : mettre notre vie sociale sur pause et une grande partie de l'économie sous cloche. C'est la première fois que notre pays est confronté à une telle crise, et c'est à nous qu'il revient d'amortir ses effets autant que possible. Ce moment unique appelle de notre part de l'humilité, de la cohésion et de la détermination.
Dès la lecture de l'article liminaire de ce second projet de loi de finances rectificatif, on comprend bien que nous ne connaissons pas encore tous les effets de la crise, mais que le Gouvernement est prêt à faire tout ce qui en son pouvoir pour protéger les entreprises, les emplois et les Français. Devant l'inconnu, il nous faut tous faire preuve d'humilité car, si l'après semble se profiler, le chemin est encore long.
Ce deuxième PLFR nous encourage également à la cohérence en renforçant les outils créés il y a un mois – activité partielle, prêt garanti par l'État, fonds de solidarité aux entreprises – et en adoptant des crédits pour soutenir les familles les plus fragiles. Après une première enveloppe de 45 milliards d'euros, ce sont 110 milliards que le Gouvernement nous demande de mobiliser cette fois-ci.
Nous avons tous été à l'écoute des acteurs économiques de nos territoires, nous avons tous entendu les témoignages de chefs d'entreprise qui n'entrent pas dans les cases du fonds de solidarité, parce qu'ils sont retraités ou qu'ils ont fondé leur entreprise en février, et ne peuvent donc reporter ni leur loyer ni leurs factures. Mes collègues Anne-Laure Cattelot, Olivia Gregoire, Mickaël Nogal et tant d'autres ont trouvé, avec l'appui des équipes ministérielles, des solutions pour que ces entreprises soient encore là quand l'activité reprendra.
Nous saluons aussi les régions comme tous ceux qui ont répondu à l'appel et abonderont le fonds de solidarité aux entreprises, afin de porter les aides complémentaires de 2 000 à 5 000 euros.
En outre, nous avons tous entendu ces patrons qui, devant le montant de leur perte d'exploitation, ne comprennent plus leur banquier ni leur assureur. Je tiens à saluer la ténacité du Gouvernement face aux compagnies d'assurance et son exigence face aux banques : il est tellement plus difficile de trouver un bon accord que de proposer une mauvaise taxe… Là encore, une marge de progrès existe. Mes collègues Nadia Hai, Marie-Christine Verdier-Jouclas et Valéria Faure-Muntian constituent une force de proposition sur ce sujet, et le groupe LaREM défendra ici leurs projets, en matière de transparence notamment.
Nous devons nous montrer déterminés à ne pas revivre ce qui avait tant affaibli nos entreprises, il y a quelques années : la perte des compétences. Nous avons donc choisi d'accompagner toutes les structures, entreprises, associations et autres, en leur permettant de garder leurs salariés grâce à l'activité partielle : plus de 9 millions de salariés, appartenant à plus de 700 000 entreprises, conservent ainsi leur emploi, parce que nous mettons tout en oeuvre pour que leur entreprise soit préservée quand l'activité reprendra. Ces 24 milliards d'euros que nous choisissons d'investir dans les hommes et les femmes qui font la force de nos entreprises, grandes et petites, nous les savons plus qu'utiles : ils sont nécessaires car ils constituent le meilleur investissement pour l'avenir.
Enfin, nous devons faire preuve de cohésion pour remercier et reconnaître l'engagement sans faille des agents de la fonction publique, présents en première et deuxième lignes pour faire fonctionner les services publics : sans eux les malades ne seraient pas soignés, les masques ne nous parviendraient pas, nos enfants seraient désoeuvrés, les plus fragiles ne seraient pas aidés ; sans eux, tous les dispositifs d'aide aux entreprises ne seraient que des mots sur du papier. La prime exceptionnelle qu'ils percevront constitue donc une bonne nouvelle qui doit inciter tous les employeurs, dans un esprit de cohésion nationale, à reconnaître la valeur de l'engagement de leurs salariés dans cette période troublée.
En conclusion, ce texte est à la mesure du choc que nous vivons : unique. Il est de la responsabilité de tous de veiller à ce que ses outils se déploient le plus largement possible. C'est la mission commune du Gouvernement et des parlementaires. N'oublions pas la leçon d'Albert Einstein, disparu il y a presque soixante-cinq ans jour pour jour : « La vie, c'est comme une bicyclette. Il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre. »