Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du vendredi 17 avril 2020 à 9h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2020 — Après l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Je regrette que le ministre de l'économie et des finances ne soit plus présent, car j'aurais voulu continuer le débat sur les nationalisations, engagé en commission. Rien n'est encore écrit, mais il a indiqué ce matin que les 20 milliards seraient investis dans des entreprises stratégiques, celles qui garantissent notre indépendance et notre souveraineté, notamment sanitaire, ainsi que pour sauver des emplois.

Depuis quelques temps, certaines entreprises, parfois leurs salariés, frappent à la porte en demandant que l'on remette leur activité en route ou qu'on les sauve. Or voilà un bon moment que j'essaie d'avoir des réponses quant à la réquisition et à la nationalisation de ces entreprises !

Je pense en particulier à Luxfer, seule entreprise d'Europe à fabriquer des bonbonnes d'oxygène à des fins médicales. Elle a pourtant fermé. Les salariés ont gardé les machines et sont prêts à relancer la production si leur entreprise est nationalisée.

Je pense également à l'usine Famar, qui produit la Nivaquine, médicament dont le principe actif est la chloroquine. Or elle est menacée de fermeture.

Je pense aussi à Péters Surgical, à Bobigny, qui fabrique des sondes de Motin, indispensables aux lits de réanimation. La fermeture de son unité de production est prévue en juin, non pas en raison d'un déficit – elle réalise des bénéfices incroyables – , mais pour être délocalisée en Inde. Pourtant, les besoins sont tels que les salariés de cette entreprise produisent aujourd'hui quatre fois plus qu'en temps normal, afin d'assurer la livraison de 40 000 sondes. Si celles-ci avaient manqué à nos lits de réanimation, nous aurions eu encore plus de problèmes.

J'ai écrit au ministre, il y a neuf mois déjà, au sujet de cette entreprise. On parle de réquisition, mais qu'attend-on pour assurer que ces entreprises continueront à produire en France du matériel nécessaire à notre souveraineté sanitaire, et éviter que nous nous retrouvions à nouveau dans la situation ubuesque que nous connaissons aujourd'hui avec les masques ? En 2018, le groupe américain devenu propriétaire de la plus grosse usine fabriquant des masques en France a décidé de la fermer pour délocaliser la production en Chine, puis en Tunisie. Les actionnaires sont allés jusqu'à tronçonner des machines qui permettaient la confection de 5 000 masques à l'heure pour s'assurer que la concurrence ne les utiliserait pas !

Je vous demande donc de répondre à la question précise soulevée par l'amendement : quand allez-vous réquisitionner et nationaliser ces entreprises pour qu'elles continuent à fonctionner ?

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