J'avais, lors de questions au Gouvernement, interrogé M. Véran sur le fait que les soignants ne reçoivent que très peu de masques de l'État : ils mêlent débrouille, dotations privées et dotations des collectivités territoriales, mais n'ont pas grand-chose de l'État. M. Véran m'avait répondu, en gros, que je disais n'importe quoi et qu'à part deux ou trois problèmes logistiques, tout allait bien. Le même jour, au même moment, M. Macron a été interpellé par des soignants en Seine-Saint-Denis, qui lui disaient la même chose que moi : il a bien été obligé d'en convenir.
Je ne crois même pas que vous mentiez. C'est pire : vous ne savez pas ce qui se passe dans notre pays. Vous ignorez, par exemple, que les policiers aujourd'hui affectés dans des centres de rétention administrative, au contact de gens dont le risque de contamination est très important, n'ont pas de masques ni de gants. Je cite cet exemple parce que j'ai visité lundi dernier l'un de ces centres, mais on pourrait les multiplier.
Nous pourrions au moins nous mettre d'accord sur ce constat, car ce gouvernement n'est pas le seul responsable du scandale de l'absence de stocks de masques dans notre pays : plusieurs gouvernements successifs le sont aussi. Ce qui est en cause, c'est la politique qui a toujours fait primer les flux sur les stocks, comme pour les lits d'hôpitaux. On a même sacrifié des moyens de production : je pense par exemple à l'usine d'Honeywell à Plaintel qui, en 2018, a fermé alors qu'elle produisait encore 5 000 masques par heure. Admettons au moins cela !
Je ne suis pas rassuré par ce que j'entends de l'État : vous ne savez pas, et vous laissez aux collectivités territoriales, aux entreprises et aux initiatives individuelles le soin de trouver des masques. Ainsi, telle ville, qui a davantage de moyens, aura des masques plus rapidement qu'une autre. Pour l'égalité républicaine, ce n'est pas formidable ! Cette tache devrait revenir à l'État.