Au lieu de faire ce choix de l'unité, vous restez crispés sur votre dogme libéral qui vous pousse vers des méthodes autoritaires. Résultat : vous nous invitez à débattre sur un coin de table d'un plan de déconfinement et d'une application qui semble promise au même destin puisque, sur ce dernier sujet aussi, nous continuons à parler dans le vague.
Monsieur le Premier ministre, lorsqu'un immeuble est en flammes et que l'on ne dispose ni de lances à incendie, ni d'échelles, ni même de soldats du feu en nombre suffisant, on ne se demande pas s'il faut lancer une application mobile pour prévenir les pompiers. On se le demande d'autant moins qu'un tel dispositif technologique de traçage percute dangereusement nos valeurs républicaines et menace incontestablement nos libertés, sinon notre souveraineté.
En outre, ce dispositif n'a aucun sens s'il ne vient pas compléter une réponse globale solide, celle que nous aurions aimé contribuer à élaborer à partir des nombreuses propositions que nous avons construites au cours de ces dernières semaines avec mes collègues communistes, en lien avec notre réseau d'élus locaux, les associations et les organisations syndicales.
Mes chers collègues, il est temps de sortir du flou des discours du Président de la République. En lâchant au jugé qu'un déconfinement aurait lieu le 11 mai, sans s'être préoccupé de savoir si c'était possible et dans quelles conditions, le Président de la République n'est pas le dernier à avoir contribué à semer le trouble, malgré des paroles tantôt martiales, tantôt mielleuses.
Pour nombre de familles qui aspirent à la reprise de l'école pour leurs enfants, le choix de cette date du 11 mai paraît répondre à un objectif essentiellement économique – la remise au travail des salariés – et non pas correspondre à un moment où, toutes les précautions étant prises, il serait possible de rouvrir les écoles dans des conditions sanitaires adaptées.
Le trouble s'est renforcé lorsque le ministre de l'éducation nationale a indiqué que cette reprise était laissée au libre choix des parents alors que, dans notre pays, depuis Jules Ferry, l'école est obligatoire.