L'impressionnante mobilisation, jour et nuit, des agents de toutes catégories qui se déplacent pour participer à la cellule de crise sans ménager aucun effort, à Paris et dans nos ambassades, est à l'honneur du service public ; c'est à eux que vos remerciements et vos hommages reviennent.
La situation des personnes qui étaient en voyage à l'étranger doit être distinguée de celle des résidents, car ils n'ont pas de domicile dans les pays où ils se trouvent. Il est donc naturel de faciliter leur retour. Pour ce qui est de nos résidents à l'étranger, le ministre a expliqué que les mouvements de population facilitant la propagation du virus, il était préférable pour eux de se confiner pour l'instant. Cette situation ne va pas durer éternellement, mais c'est la logique actuelle.
La directrice des Français à l'étranger est directement concernée par la deuxième vague de rapatriements à laquelle faisait référence Anne Genetet. La situation des ressortissants n'est pas la même partout : dans certains pays, l'épidémie est moins développée qu'en France et le système de santé de qualité ; dans d'autres au contraire, le système de santé n'est pas optimal et l'épidémie peut être en progression rapide. Chaque situation doit être évaluée avec précision.
S'agissant du rapatriement en cours, je précise que le ministère des affaires étrangères n'est pas compétent pour les DOM-TOM. Ce n'est pas une manière de nous défausser de la question, mais l'organisation de l'État confie cette responsabilité à d'autres tandis que nous avons la charge des Français de l'étranger et des Français voyageant à l'étranger. Le ministère de l'intérieur et celui des DOM-TOM sont compétents sur le territoire national.
Les relations avec les autorités nationales occupent une bonne partie de nos journées et de nos nuits. Conformément à leurs prérogatives et leurs responsabilités, elles ont parfois pris des mesures de confinement, comme nous-mêmes l'avons fait, et des mesures de fermeture des aéroports et d'interruption des liaisons aériennes. Dans certains cas, le ministre en personne a contacté ses homologues pour demander le report de l'interruption des liaisons aériennes ; c'est ce qui a par exemple permis de rapatrier les 20 000 Français présents au Maroc et les 10 000 présents en Tunisie. Cette démarche a parfois été effectuée par les ambassades : Hélène Le Gal au Maroc ou Philippe Lalliot au Sénégal ont réalisé un travail éblouissant qui a permis le retour de nombreux Français ou le maintien des lignes aériennes. Mais il est injuste de ne citer qu'eux, de très nombreux ambassadeurs ont réagi de façon remarquable.
L'un d'entre vous a évoqué ce groupe de Français au Cambodge, que nous suivons avec attention. L'équipe médicale du centre de crise est composée de membres très compétents : l'un était responsable du centre médico-social de Bamako, un autre est urgentiste au SAMU, et le troisième est également très expérimenté. Cette équipe suit plusieurs cas : celui de ces gens bloqués au Cambodge, mais également un autre groupe en Égypte, incluant plusieurs cas positifs, confiné sur plusieurs bateaux à Louxor. Nous sommes également très attentifs à la situation, effectivement sérieuse, de notre compatriote au Kenya : une équipe médicale s'est portée auprès de lui et nous essayons de le faire revenir à Nairobi, où l'ambassade a obtenu qu'une place dans un hôpital de qualité lui soit réservée, en attendant, si sa condition le permet, de rejoindre un lit spécialisé à La Réunion.
Pour aider à la prise en charge dans les pays, depuis deux ou trois mois, nous avons établi des fiches réflexes avec les postes diplomatiques. Nous avons repéré en amont les structures de santé compétentes, identifié des équipes médicales, énuméré les mesures à mettre immédiatement en place, ce qui nous a permis d'expédier dans certains pays des kits de prise en charge du Covid-19. Nous essayons d'apporter notre soutien aux postes diplomatiques ; mais avec la multiplication des cas, les situations complexes seront toujours plus nombreuses dans les pays où le système de santé aura du mal à faire face.
Notre soutien s'adresse d'abord, mais pas uniquement, à l'Afrique. La direction générale de la mondialisation mène un travail important, en partenariat avec la direction de l'Union européenne, pour identifier les moyens qu'il est possible de mobiliser au niveau international et européen afin de venir en aide à ces pays.
À un niveau plus modeste, 15 à 20 % des programmes humanitaires que nous menons seront alloués à la réponse au Covid-19. La direction générale ECHO de la Commission européenne élabore une réponse humanitaire à la situation, à laquelle nous sommes associés, et au-delà de l'aide humanitaire, des actions de développement sont également identifiées.
Avec le Sénégal, nos échanges avec Air France ont permis de maintenir deux liaisons aériennes par semaine : les liens avec ce pays ne sont donc pas rompus en dépit des contraintes de ressources humaines considérables auxquelles Air France doit faire face. Les équipages en mesure de voler sont de moins en moins nombreux, mais ils font un travail formidable.
La situation en Algérie est très différente de celle du Maroc lors de cette première phase de rapatriement des voyageurs touristiques. Il n'y avait que quelques centaines de touristes en Algérie, comparé aux 20 000 présents au Maroc, l'effort était sans commune mesure. Air Algérie ayant malheureusement décidé d'interrompre ses liaisons aériennes, nous avons travaillé avec Air France afin de maintenir des vols vers Alger et Oran. Des vols spéciaux seront proposés pour les Français de passage encore présents en Algérie.
Nous avons également négocié pour qu'Air France maintienne la liaison avec la Côte d'Ivoire.
La situation à New-York a été évoquée ; pour l'instant, les liaisons avec les États-Unis, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande sont maintenues : il est donc possible pour une personne qui s'y trouve de rentrer, à la différence des pays tels que la Jordanie, le Maroc ou le Pérou qui ont décidé de fermetures d'aéroports ou de suspension de lignes.
Dans le cadre de notre soutien au maintien des lignes aériennes commerciales, les compagnies du groupe Air France ont accepté de proposer des prix modérés en appliquant le système appelé rescue fare.
Dans les zones où Air France n'est pas en mesure d'assurer des liaisons – c'est le cas des Philippines et de nombreux pays d'Asie, mais aussi d'Haïti – nous affrétons des vols. Dans ces cas, nous demandons aux ressortissants français de signer un document par lequel ils s'engagent à rembourser une somme forfaitaire – inférieure au prix du marché et à celui du billet que nous payons pour tenir compte de la difficulté dans laquelle ils se trouvent.
À l'échelle européenne, le mécanisme européen de protection civile (MEPC) permet à chaque pays européen de faire bénéficier d'autres pays des vols qu'il affrète. Ainsi, l'Allemagne a activé le MEPC, ce qui a permis à soixante Français de revenir du Salvador ; et l'Espagne a proposé de rapatrier cinquante-cinq Français du Honduras. De notre côté, nous allons organiser un vol au départ de la Bolivie dans lequel nous offrirons des places à d'autres citoyens européens. Les contacts sont permanents avec mes homologues européens.
Les ressortissants non-résidents, qui n'ont plus de domicile en France, relèvent de la compétence du ministère des affaires sociales. La direction des Français à l'étranger pourra vous en dire davantage.
L'Angola fait effectivement partie des pays dans lesquels nous avons identifié des difficultés au cours des derniers jours ; nous allons essayer d'y remédier.
Concernant l'Inde, KLM, qui fait partie du groupe Air France, continue d'assurer des liaisons : sept vols ont été effectués cette semaine pour répondre aux demandes. Certains cas urgents avaient été identifiés par l'ambassade et les consulats, et 250 places à partir de trois villes indiennes avaient été réservées pour ces Français, qui sont rentrés ces derniers jours.
Nous sommes parfaitement conscients que tout n'est pas terminé et qu'il reste beaucoup à faire, mais sur les 130 000 Français bloqués la semaine dernière, plus de 80 000 sont rentrés et nous maintenons nos efforts. Peut-être 10 000 ou 20 000 compatriotes resteront-ils dans les pays avec lesquels les liaisons aériennes sont maintenues, fussent-elles réduites, et nous serons particulièrement vigilants en cas d'interruption de ces liaisons ou de fermeture des aéroports.