Cette réunion était effectivement indispensable. Si le Parlement continue à fonctionner, c'est pour parler de politique, au sens noble du terme. Les décisions prises en ce moment sont bien de cette nature. Notre rôle est de poser des questions, de relever les problèmes.
Je me félicite des propos du Président de la République sur l'État-providence, la dépendance excessive vis-à-vis des marchés, l'intérêt général, la relativisation des déficits, la souveraineté, le libre-échange… Nous saurons les lui rappeler après la crise.
On parle d'anticiper la reprise ; mais la priorité pour l'instant est de faire en sorte qu'elle puisse avoir lieu et, pour ce faire, de préparer le déconfinement, par la fabrication de masques et de tests. Le chef de l'État a évoqué un montant de 4 milliards d'euros. Je doute que ce soit suffisant : il n'y a quasiment plus de stocks de masques en France. Nous défendons depuis plusieurs jours l'idée de procéder à des réquisitions : s'est-on assuré auprès des laboratoires Mérieux, par exemple, que des tests seront produits en assez grand nombre pour la France, avant de songer à satisfaire d'autres intérêts sur les marchés extérieurs ?
L'activité économique n'est pas à l'état zéro. Je suis inquiet, comme je l'étais avant le premier tour des élections municipales. Le niveau d'activité me paraît remonter en Île-de-France depuis quelques jours, y compris dans des secteurs non indispensables – Mme Pénicaud avait largement poussé en ce sens, notamment dans le BTP. Je crains que cela ne se traduise par la contamination de salariés non protégés, ce qui ne ferait que reculer le moment du déconfinement.
Je regrette que des ordonnances remettent en cause le droit du travail – sa durée ou encore les RTT – et que rien ne soit encore effectif en ce qui concerne les dividendes. M. Le Maire a évoqué des principes, mais ce n'est pas suffisant. Un gel des dividendes est indispensable.
Je suis également très étonné que M. Darmanin lance un appel à la générosité des Français et que l'on ne pose pas la question du rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), au moins de manière provisoire. Les 3,2 milliards d'euros que cela rapporterait correspondent presque à l'estimation du plan d'urgence pour les hôpitaux publics proposé par les syndicats.
S'agissant des indépendants et des TPE, j'observe qu'on est très loin des mesures adoptées par les Allemands. Nous avons voté le PLFR, parce que c'était mieux que rien, mais nous avions relevé ses insuffisances.
Il faudrait enfin améliorer ce qui est prévu en cas de chômage partiel – ou d'activité partielle, comme l'appelle le rapporteur général. Porter le taux de l'indemnité à 100 % du salaire serait notamment utile pour la suite, dans le cadre d'une politique de la demande.