Vous avez souligné un point absolument crucial : la crise va durer et il faut s'y préparer sur le temps long en tenant compte d'informations évoluant au fil du temps. Il convient donc de continuer à essayer de répondre à la crise de la manière la plus humble, en nous appuyant sur ce que nous savons.
S'agissant des conditions de sortie du confinement, il est crucial de s'assurer que le système de soins ne soit pas soumis à une pression trop importante, ni même à une pression quelconque, pour qu'il conserve sa capacité à accomplir ses missions. C'est pourquoi nous surveillons de très près le nombre de cas hospitalisés dans les services de réanimation. Nous souhaitons évidemment que, le 11 mai, ce nombre soit le plus faible possible, parce que, nous le savons, même si le déconfinement est progressif, il se traduira immanquablement par une reprise de l'activité du virus. Pour continuer à casser les chaînes de transmission du virus, nous devrons alors utiliser les tests, mais aussi les outils numériques, qui apporteront des réponses précieuses. Cela nécessitera des moyens humains, sur les territoires, dans les agences régionales de santé, pour identifier les contacts racines et prendre des mesures d'isolement à l'égard des cas avérés comme de leur entourage. Je précise que l'immunité collective ne peut pas augmenter pendant la période de confinement ; elle reste forcément stable.
Le cadre d'emploi de la réserve sanitaire est particulier puisqu'il s'agit principalement de missions dans la durée, pas de missions d'intérim bref. Tous les professionnels de santé sont très intensément mobilisés – en tant que professionnelle de santé, je ressens une solidarité toute particulière à l'égard de l'ensemble de mes collègues présents auprès des malades et de leur entourage.
La réserve sanitaire a pour objet de compléter des équipes dans un cadre d'emploi durable ; pour des missions de courte durée, y compris dans la période actuelle, il existe des agences d'intérim. L'intervention de la réserve sanitaire a commencé le 26 janvier par l'encadrement sanitaire des rapatriés de Wuhan. Elle mobilise à ce jour environ 1 000 professionnels de santé, pour une activité totale d'environ 7 000 jours, ce qui signifie qu'un réserviste est mobilisé en moyenne sept jours. Quel est notre vivier ? Nous avons reçu un nombre d'inscriptions très important : bravo et merci à l'ensemble des professionnels qui se mobilisent ! Mais nous avons constaté que le vivier ne comptait pas de médecins anesthésistes réanimateurs ni d'infirmiers réanimateurs, pourtant la principale demande des établissements. On ne peut pas mobiliser les réservistes déjà actifs ; il n'est pas question de déshabiller Pierre pour habiller Paul. En revanche, des demandes émergent de la part des EHPAD. La réserve sanitaire est pleinement mobilisée pour répondre à certaines d'entre elles ainsi qu'à des sollicitations pour des missions outre-mer. Les professionnels sont très motivés et leur mobilisation est tout à fait formidable : il faut leur rendre hommage.
Les moyens de l'agence, je dois le souligner, ont été considérablement renforcés pour faire face à la crise : 4 milliards d'euros lui ont été alloués pour permettre la mobilisation exceptionnelle dans tous les domaines, en particulier pour assurer l'approvisionnement du stock stratégique. Cela montre l'importance de l'enjeu, et cela nous oblige : il convient de remercier le Président de la République et le Gouvernement d'avoir doté l'agence de moyens aussi exceptionnels, qui sont intégralement dédiés à la réponse à la crise.