Monsieur le président Mélenchon, je vous remercie de mettre le logement au coeur de nos débats. On peut partager l'exposé des motifs car, comme on le voit dans chacune de nos permanences parlementaires, beaucoup de foyers rencontrent des difficultés à se loger. Nous ne pouvons qu'être sensibles à leur désarroi, parfois même aux drames vécus.
Ce que vous mentionnez sur l'habitat indigne, indécent, insalubre doit être notre combat à tous. Nous souffrons véritablement d'un manque de logements convenables, dignes et décents dans notre pays.
J'ajouterai au constat du besoin de logements en France qu'à population constante, avec la décohabitation, la diminution du nombre de personnes par ménage, nous assisterions déjà une augmentation des besoins de logements en France. Comme, par ailleurs, notre population est croissante, en raison notamment du vieillissement de la population, l'augmentation des besoins en logement est une réalité, et un défi qu'il nous faut relever. Or l'offre en matière de logement ne suit pas. Nous sommes face à une crise de l'offre et à une chute de la production, qui augmente d'autant les tensions.
Les solutions que vous proposez ont le mérite d'être sur la table, mais pourraient se révéler contre-productives. Il est vrai que le parcours du logement est difficile. Il est de plus en plus difficile d'accéder à la propriété et il y a de moins en moins de mobilité dans le parc social mais, à mon avis, les réponses à apporter à ces besoins ne sont pas celles que vous proposez.
Il faut remettre les bailleurs sociaux au coeur de nos politiques publiques. Ils sont incités à avoir de moins en moins de personnes « APLisées » ; ils sont incités à adopter des logiques ab initio de revente en bloc. Cela pose un véritable problème dans leur stratégie d'investissement. Leurs investissements ont d'ailleurs largement diminué à la suite des mesures prises depuis deux ans et demi.
Nous avons également besoin des propriétaires bailleurs. Nous le voyons bien, y compris dans les zones détendues et même s'ils font les rénovations attendues, l'équilibre économique n'est pas au rendez-vous. Il faut leur permettre d'avoir un système qui donne les solutions, y compris économiques. Les collègues socialistes ont présenté des propositions intéressantes sur ce sujet.
Je ne crois pas aux réponses que vous proposez, qui se fondent sur encore plus d'impôts et de taxes. Je ne crois pas non plus aux réponses proposées par le Gouvernement et la majorité, notamment l'intermédiation, forme d'uberisation coûteuse. Mais il existe une troisième voie qui favorise l'accession sociale à la propriété et le respect de la propriété, et qui permettrait de libérer les logements aidés pour ceux qui en ont besoin.