Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Réunion du mercredi 4 mars 2020 à 9h20
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon, rapporteur :

La ville accumule tout ce qui fait rêver quelqu'un qui a trois ou quatre sous : le transport, la sécurité, les loisirs. Tout est là. Paris va devenir un ghetto de riches très rapidement. La population ouvrière a été expulsée de la capitale, et ils continuent de partir par wagons entiers. Les anciens secteurs les plus populaires – au sens le plus déplaisant, allez voir vers le faubourg Saint-Denis ou même dans le 18e arrondissement, et vous verrez comment cela « déboise », si je puis dire, entre deux populations qui n'ont strictement rien à voir.

Si la situation de Robert est tragique, je me préoccuperai du niveau de sa retraite. Je commencerai donc déjà par ne pas appliquer la loi que vous avez inventée sur le sujet et je m'occuperai des conditions dans lesquelles il peut avoir un revenu digne pour garantir son existence, sans être obligé de contribuer à la spéculation générale.

Pour ce qui est de la décision locale, collègue Damien Adam, l'ancien élu local que je suis ne va pas vous dire qu'un élu local ne sert à rien. De plus, la tradition jacobine est très décentralisatrice, contrairement à ce qu'en disent ses adversaires qui n'ont qu'une connaissance très superficielle du jacobinisme ; ils le confondent avec le bonapartisme, alors que cela n'a rien à voir. Il arrive même que certains se réclament d'un girondisme qui n'a jamais existé, car les girondins étaient en réalité des brissotins. Cette idée de les appeler girondins était une invention de Lamartine. Nombre d'entre eux étaient des esclavagistes et des négriers. Ils avaient d'autres qualités mais, dans ce cas, c'était un défaut.

Je ne participe pas de la détestation de la loi qui s'applique à tous parce qu'elle est décidée par tous. Moi, je ne suis pas l'élu d'un territoire. Je préfère le dire clairement, je l'assume. Je suis l'élu d'une population. Les territoires n'ont pas besoin d'élus, ils nous précédaient et ils nous suivront sans aucun inconvénient. Je ne suis pas élu de Marseille, je suis élu à Marseille ! Ce n'est pas du tout pareil. Dans ma mission de député, je suis chargé de l'intérêt général, l'intérêt de tous, quel que soit l'endroit.

Dans l'histoire longue, collègue, le peuple – le petit peuple et les bourgeois – aimait beaucoup la justice d'appel, parce que c'était celle du roi et que le roi était loin. C'était le principal avantage. Il n'était donc pas collé à celui qui décidait, il n'était pas collé au juge parce qu'ils se connaissaient depuis plusieurs générations et qu'ils étaient du même endroit.

Je vous redirai pareillement que la loi est bonne. Ne mettez pas, à chaque fois, Paris derrière pour dire que ce serait… (M. Damien Adam proteste.) Mais la loi n'est pas la loi de Paris ; c'est l'Assemblée nationale qui est à Paris. Si vous installez l'Assemblée nationale à Marseille – j'en serai le premier enchanté –, vous aurez des lois marseillaises ! C'est une manière de dire que ces gens-là n'y connaissent rien. Eh bien, non, c'est nous tous qui faisons la loi ; nous sommes très divers, d'opinion et de…

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