Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du vendredi 8 mai 2020 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

On peut penser que l'expression selon laquelle l'enfer est pavé de bonnes intentions a du vrai. J'écoutais le débat sur l'extension des attributions des garde-pêche, des garde-chasse et des gardes de propriété, et je me suis convaincu de l'absolue bonne foi et de la sincérité des collègues qui la défendaient. Je ne les vois pas comme d'horribles promoteurs d'une société policière.

Mais regardez bien ce que nous sommes en train de faire ! Chaque fois qu'il y a des situations d'exception, on prend des mesures réputées exceptionnelles et on les inscrit ensuite dans le droit commun. Dans ma longue carrière de parlementaire, j'ai toujours entendu cela à chaque fois que je protestais. J'appartiens à ce vieux courant qui fait toujours attention à la question des libertés ; j'y ai été bien éduqué. Chaque fois, on me disait : « monsieur Mélenchon, qu'est-ce que cela peut bien vous faire, les gens honnêtes n'ont rien à se reprocher ». Il devient alors possible de contrôler telle personne ou d'ouvrir le coffre de telle autre, car, vous comprenez, il s'y trouve peut-être une bombe, et ainsi de suite. De jour en jour, l'espace de la liberté individuelle, avec les meilleures intentions du monde, se réduit.

Je ne reviens pas sur l'amendement précédent, j'en viens à celui-ci, qui aborde la question des drones. Pour ceux qui ont une culture de la littérature de science-fiction, il y a longtemps que les drones survolent les situations, procèdent à des identifications, etc. Regardez donc ce que nous sommes en train de faire : il n'y aura aucune réglementation sur les images captées par les drones, alors qu'elles sont de très haute résolution et qu'elles permettent l'identification des personnes. Partout, sans exception, où on a installé de tels drones, on est passé du repérage des personnes qui ne portent pas de masque au repérage des personnes qui ont ceci ou cela à se reprocher par rapport à tel ou tel stock d'informations que l'on possède sur leur compte.

Nous, députés insoumis, sommes contre cette société du contrôle permanent des individus. J'invite les collègues à s'abstraire un instant de la situation d'urgence, qui peut leur donner le sentiment que puisqu'il y a urgence, il faut décider maintenant. Collègues, ne vous y trompez pas : ce qui sera décidé dans l'urgence sera ensuite introduit dans le droit commun ! C'est une pente qui a toujours été suivie. N'acceptez pas cette société où on contrôle tout le monde, tout le temps, sur tous les sujets.

Vous avez vu que les caméras qui, hier, étaient installées pour repérer les délinquants qui auraient assailli telle ou telle personne vont maintenant être utilisées pour repérer ceux qui n'ont pas de masque, et ainsi de suite. Ce quadrillage est terrible ! Voilà la raison pour laquelle nous nous opposons à ces drones : nous ne voulons pas de la société des drones et du contrôle par les drones.

Or il se trouve…

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