Je remercie chacun de s'être exprimé, y compris M. le ministre, car si mon ton était vif, c'était surtout en réaction à l'exposé sommaire de cet amendement : lire les mots « effets d'aubaine » alors qu'on a tous dit avoir des témoignages qui prouvent le contraire, bon sang ! On ne peut pas parler d'effets d'aubaine pour ces gens qui ont dû momentanément engager des frais avec des sommes qui n'étaient pas toujours sur leur compte.
Deuxièmement, considérer cet amendement comme un cavalier mérite discussion. Ce projet proroge l'état d'urgence sanitaire et il y a en effet un état d'urgence sanitaire et social pour beaucoup de gens, sanitaire parce que social et inversement, les deux sont liés. En Seine-Saint-Denis, le préfet explique le fort taux de mortalité, et je pense qu'il a raison, parce que les gens vont bien souvent trop tard aux urgences, en raison d'un rapport aux soins qui n'est pas le même qu'ailleurs du fait de difficultés financières elles-mêms spécifiques. Tout est lié, il ne faut pas hésiter à le reconnaître. Je rappelle au passage que le Gouvernement a pris des ordonnances permettant de travailler 60 heures par semaine dans certains secteurs et notamment aux établissements bancaires d'imposer à leurs salariés un congé forcé pendant dix jours, une mesure qu'ils ont beaucoup utilisée. Après tout ce qui a été fait dans le même genre, maintenir au contraire cet article serait de toute façon envoyer un signal et tirer les conséquences du fait que les banques n'ont pas vraiment joué le jeu. Or si vous rejetez cet article, mes chers collègues, ce sera un terrible contre-signal et qui aura une interprétation politique. Que craignez-vous ? Que quelques pauvres bougres aient abusé de la situation alors que des millions de gens ont souffert des mauvaises manières des établissements bancaires ?