Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du samedi 9 mai 2020 à 18h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Ce n'est pas chose évidente que de présenter une motion de rejet préalable sur un état d'urgence sanitaire, mais nous le faisons en pleine conscience de nos responsabilités.

L'actuel état d'urgence courait jusqu'au 23 mai, le délai ne manquait donc pas pour aller plus loin dans la discussion et dans la bonne analyse de ce qu'il reste à faire. Nous ne sommes pas contents du plan de déconfinement car celui-ci ne tire pas les leçons de ce qui s'est passé pendant le confinement. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir prévenu. Dès le 30 mars, si vous vous en souvenez, les députés de La France insoumise au complet alertaient, dans une tribune, sur le fait que le déconfinement était une opération bien plus complexe que le confinement lui-même. Nous pensions avoir une autorité suffisante pour pouvoir vous le dire.

Ne vous avons-nous pas interpellé un nombre incalculable de fois au sujet du refus de la France d'appliquer la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé – tester, tester et tester encore ? Le Premier ministre nous a rétorqué que cette pratique était inutile tandis que le ministre des solidarités et de la santé a fini par ne plus jamais répondre à nos questions.

Le scénario a été le même pour les masques : ils étaient inutiles, finalement, ils seront obligatoires.

Il faut tirer les leçons de ce qui n'a pas fonctionné. Je ne parle pas de telle ou telle mesure mais des grands principes qui doivent gouverner l'action.

Premièrement, la planification. Pas un mètre en avant n'a été fait dans ce domaine. Cela ne signifie pas que des mesures n'ont pas été prises mais la réflexion sur la manière de les imbriquer est inexistante. Preuve nous en a été donnée encore hier lorsque les amendements présentés par nos collègues corses, Jean-Félix Acquaviva et Michel Castellani ont été rejetés. Il est apparu que si des mesures sanitaires sont prises – personne ne le conteste – , leur articulation avec le plan de sauvetage économique n'a été pensée par personne. L'occasion n'était-elle pas bonne de tendre la main à la collectivité unique de Corse une fois pour toutes pour qu'elle gère ce problème ?

En Île-de-France, où est la planification ? Peut-être avez-vous déjà vu les images, mais comment pouvez-vous à la fois demander la réouverture du plus grand nombre d'entreprises ainsi que le retour de tous les salariés pour lesquels le télétravail n'est pas possible et ne pas prévoir les moyens de transport disponibles. La proportion de moyens de transport en circulation aura ainsi été décidée sans considération du nombre de voyageurs ayant besoin de les emprunter, si bien qu'a déjà commencé une cohue épouvantable sur les quais. Pensez-vous que la présence d'agents pour faire le tri entre les voyageurs qui devraient se trouver là et ceux qui ne le devraient pas, au péril de ceux-ci, résoudra quoi que ce soit ?

Je pourrais donner d'autres exemples, mais je m'en tiens à celui-ci. Comment sortir de cette crise ? En culpabilisant les populations. À cet égard, le discours que l'on entend dans les médias est insupportable – vous n'y êtes pour rien, bien sûr – …

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