Cependant, à bien y regarder, il n'y a là rien de très poétique. Il s'agit d'un projet de loi sans sujet, mais non sans cavalier. La cavalerie tout entière y a été convoquée, dans le désordre, et il a pour but de confier au Gouvernement le soin de légiférer à la place du Parlement, qui pendant six mois, qui pendant douze mois, qui pendant trente mois, bien au-delà de l'état d'urgence sanitaire.
Vous en avez changé le titre, car le Conseil d'État vous a fait observer que toutes les mesures n'étaient pas justifiées par l'urgence. Votre notion de l'urgence nous ébaubit ! Il est des cas où il faudrait vraiment agir vite, mais où cela ne vous est pas venu à l'esprit. Sans revenir sur des épisodes récents et encore en cours, on pourrait parler, par exemple, de l'interdiction des licenciements, du versement de certaines aides, qui a tardé, ou de la création d'un service public du médicament, à l'heure où l'on voit Sanofi jouer à Bohnanza ou au Monopoly.