Madame la ministre, je souhaite revenir sur votre action en faveur des bibliothèques et votre volonté de développer la lecture publique en mettant le livre à la disposition de tous. C'est une ambition que je partage sans aucune réserve, et nous suivons avec beaucoup d'attention la mission que vous avez confiée à l'académicien Erik Orsenna.
Les obstacles sont multiples qui éloignent nos concitoyens des bibliothèques et des médiathèques, en dépit de la multiplication et de la modernisation de ces lieux culturels de proximité. Aux raisons budgétaires qui compliquent le fonctionnement de ces structures, à la remise en cause récente des contrats aidés, à cette « injonction paradoxale » faite aux collectivités locales et soulignée par Erik Orsenna, s'ajoutent, dans les outre-mer, d'autres barrières, déjà mentionnées dans un rapport de 2010 de l'Inspection générale des bibliothèques (IGB), parmi lesquelles la moindre diversification des collections, la nécessité de consolider l'encadrement, ou encore les difficultés récurrentes des librairies.
De manière bien plus rare, heureusement, mais toutefois plus néfaste, une approche excessivement politisée peut nuire au développement de la lecture publique pour tous, comme c'est le cas à La Réunion, où l'une des plus récentes et des plus modernes médiathèques de l'île est toujours fermée au public, plusieurs années après son achèvement. Outre-mer plus qu'ailleurs sans doute, la lecture publique est une question cruciale pour lutter contre un taux élevé d'illettrisme, pour prévenir l'échec et le décrochage scolaires, mais aussi parce que les livres coûtent toujours plus cher chez nous.
C'est pourquoi, madame la ministre, nous aimerions savoir si le Tour de France des bibliothèques entrepris par l'auteur de L'Exposition coloniale passera par nos territoires, et notamment s'il fera étape à La Réunion, ce qui permettrait d'aborder dans les meilleures conditions le grand débat public que votre ministère a le projet de tenir en mars prochain.