Merci d'avoir organisé, à la sortie de la crise, dans cette période de déconfinement, ce débat autour de la souveraineté économique, sociale et environnementale. C'est pour nous l'occasion d'échanger en paix, si je puis dire, sur nos intentions au moment de la reprise et en vue de la préparation d'un plan de relance.
Lorsque nous parlons de souveraineté, nous pensons d'abord à nos frontières et à leur défense – et le Lorrain que je suis sait le prix de ces frontières et du sang qu'elles ont coûté. Nous pensons également aux institutions qui, démocratiquement, garantissent la souveraineté du peuple à l'intérieur de ses frontières. Nous ne pouvons cependant nous empêcher, en cette période post-crise, de penser également à ce qu'Amartya Sen nomme « capabilité » : la capacité effective – ou, pour reprendre la logorrhée présidentielle, l'effectivité de notre capacité – à faire face à des situations. À quoi sert-il de posséder l'arme nucléaire et d'être la cinquième puissance du monde si nous ne sommes pas capables d'assurer la prévention d'une pandémie dans notre pays ? Cette interrogation nous rend tous humbles : il ne s'agit pas ici de nommer des coupables, mais de réfléchir avec humilité à la marche du monde, à l'état de notre nation et aux corrections qui s'imposent dans l'avenir. C'est l'exercice que nous faisons aujourd'hui, sans condamnation et, semble-t-il, avec une humilité partagée.