Le site est vieillissant, certes, mais on s'est volontairement abstenu d'y investir : comme le dit l'adage, qui veut noyer son chien l'accuse de la rage ! Le site n'atteint pas ses pleines capacités de production, c'est vrai ; mais, à ce sujet, on peut citer le même proverbe.
Malgré ces handicaps, le site permettait de réaliser des marges nettes – pas assez, visiblement, pour les actionnaires, mais suffisamment pour assurer sa compétitivité.
À la lumière de cet exemple précis, que faut-il entendre par souveraineté industrielle et économique ? La crise du covid-19 vient de nous montrer que nos vieilles industries agro-alimentaires et nos petites et moyennes entreprises du textile et de la broderie, sur fond de désindustrialisation, étaient toutes capables de relever le défi. Avec souplesse, grâce au mérite de leurs ouvriers, elles ont fait rempart contre la rupture d'approvisionnement alimentaire, transformé leur production pour fabriquer des masques destinés à nos concitoyens, et, en plein marasme, ôté leurs oeillères à ceux qui ne juraient que par la finance.
Certains exhument désormais les valeurs du gaullisme. Mais le gaullisme, n'est-ce pas aussi, en matière économique, la souveraineté qui nous épargne d'être à la merci des autres et garantit à nos concitoyens sécurité sanitaire, alimentaire et de l'emploi, celle qui nous permet d'être libres ? Dans la France d'après le covid-19, la souveraineté économique peut-elle passer par la préservation de nos savoir-faire industriels, par des mesures coercitives évitant les délocalisations injustifiées ? Peut-elle redessiner les règles applicables en matière de libertés économiques ?