Quelques jours après le début du déconfinement, les soignants de l'hôpital Robert-Debré descendaient dans la rue pour crier leur colère. Ces jours derniers, des soignants de Saint-Étienne et de tous les établissements pris dans l'étau des plans de retour à l'équilibre leur ont emboîté le pas pour crier halte au feu. On a beau traverser la pire crise sanitaire que notre pays ait connu depuis la grippe espagnole, ces plans d'économie, qui se traduisent par des fermetures de lits et l'austérité à tous les étages, continuent de percuter le quotidien de nos hôpitaux. La pression est partout. Dans ma région, les hôpitaux de Flers, de Cherbourg – la liste est longue – ne sont pas épargnés par la crise financière.
S'il est une chose simple que peut faire le ministre, et sans attendre, c'est de notifier à toutes les ARS l'abandon de ces plans de retour à l'équilibre. Le Gouvernement doit sortir d'une ambiguïté que les personnels interprètent comme un coup de poignard dans le dos, alors que l'hôpital est en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Entretenir l'hypocrisie mine la confiance.
Le Président de la République a dû sentir ce vent mauvais : le jour où les hospitaliers de Robert-Debré manifestaient, il organisait l'audition de quelques soignants et la visite médiatisée d'un hôpital – au cours de laquelle il a envoyé promener avec le mépris qu'on lui connaît les infirmières qui l'interpellaient, refusant des médailles – avant de dévoiler un nouveau plan. Emmanuel Macron voulait chevaucher le tigre de la culture : le voilà rattrapé par la bête blessée qu'est l'hôpital. Vous voilà rattrapés par ce grand corps héroïque mais malade que, depuis trois ans, vous préférez dissimuler sous un drap plutôt que le soigner.