Tandis que, pour sauver l'hôpital, on nous promet un « Ségur de la santé » – autre artifice de communication – , le Gouvernement précise les conditions scandaleuses d'attribution de la prime de soins. Les soignants dieppois ne comprennent pas pourquoi, alors qu'ils ont été en première ligne pour accueillir des patients des Hauts-de-France et d'ailleurs, ils ne bénéficieront pas des 1 500 euros promis. Vous avez décidé de diviser la communauté hospitalière au moment où il faudrait la rassembler. Il est inacceptable de ne pas traiter de manière égale des soignants dont il est indispensable de revaloriser le pouvoir d'achat.
De la même manière, sitôt après la promesse présidentielle, Olivier Véran nous dit que l'assouplissement des 35 heures à l'hôpital constituera une des réponses, quand il faudrait envisager une véritable revalorisation des métiers et des embauches massives. Si votre Ségur consiste à suppléer aux 800 postes qui manquent aux hôpitaux de Paris en assouplissant les 35 heures, les revalorisations consenties sous la pression étant insuffisantes pour assurer l'attractivité de ces métiers, c'est que vous refusez de soigner vraiment l'héroïque malade. Pendant que vous promettez un Ségur de l'hôpital, la psychiatrie reste l'autre grande oubliée de la crise du coronavirus. On avait annoncé que ce secteur bénéficierait de rattrapages progressifs jusqu'en 2021, mais voilà qu'il n'y a plus de son, plus d'image alors que les besoins sont criants.
Si votre Ségur ne débouche que sur des mots, vous vous planterez et vous planterez le service public de l'hôpital avec vous ! Vous tromperez ces agents et avec eux les Français qui ont applaudi tous les soirs ceux qui étaient à leur chevet. Votre Ségur doit vous permettre de voir ce grand corps héroïque et malade tel qu'il est et d'établir le diagnostic qui permettra de le soigner vraiment. Le tableau clinique montre un PLFSS – projet de loi de financement de la sécurité sociale – prévoyant un serrage de vis de 4 milliards. Autrement dit, la logique des besoins n'a pas pris le pas sur celle de la règle à calcul. Le tableau montre que l'endettement de nos hôpitaux est passé de 32 % en 2002 à 52 % en 2016.
À la lumière des enseignements de cette période exceptionnelle, il vous appartient de prévoir les moyens de réparer l'hôpital public dans le cadre d'une programmation pluriannuelle. Le tour de France des hôpitaux effectué par les parlementaires communistes vous permet de disposer d'un diagnostic partagé avec les soignants…