Depuis le début de la pandémie, et non pas seulement depuis le mois d'avril comme l'a prétendu la porte-parole du Gouvernement, l'OMS préconise de mener des campagnes de dépistage massives. Il s'agit de tester, d'isoler et de retrouver les personnes contaminées, pas seulement de se contenter d'aplanir la courbe ; il faut véritablement avoir pour stratégie de juguler l'épidémie. Or non seulement ce gouvernement a tardé à mettre en oeuvre cette stratégie mais, il y a un mois encore, le ministre de la santé se défaussait de manière caricaturale, voire carrément grossière, me renvoyant avec mépris à l'exemple de la Corée du Sud pour refuser de me répondre sur le développement d'un dépistage massif, y compris en se servant de la période de confinement pour étendre cette stratégie et s'assurer ainsi de trouver les lieux où continuait à circuler le virus.
Désormais, le Gouvernement semble convaincu de la nécessité de cette stratégie, mais la question consiste maintenant à savoir comment la déployer sur le terrain et combien de tests, exactement, la France est en mesure d'effectuer. Le Premier ministre avait annoncé l'objectif de 700 000 tests par semaine à partir du 11 mai – un objectif très loin d'être atteint, comme le confirme l'enquête publiée il y a une semaine par Franceinfo. Les chiffres, y compris ceux du Gouvernement, font état d'à peine 360 000 tests réalisés, soit moitié moins que l'objectif affiché et affirmé par l'exécutif.
Le nombre de tests stagne, voire diminue depuis le 20 avril, en raison de problèmes logistiques et de coordination, mais aussi d'un manque de moyens, notamment pour les laboratoires. Toutes les structures ne sont pas suffisamment sollicitées. L'agence Santé publique France n'est pas capable de fournir des chiffres complets car, en l'absence de système d'information automatisé, la remontée des données reste laborieuse. Bref, tous les moyens n'ont pas été mis en oeuvre pour atteindre l'objectif. C'est le résultat de choix politiques et d'un refus de mobiliser tout l'appareil productif.
La question est donc de savoir combien de tests, exactement, nous sommes en mesure de réaliser actuellement et comment vous comptez déployer les campagnes de dépistage massif qui sont nécessaires.