Je vous remercie pour la qualité de vos interventions, qui me nourrissent autant qu'elles me questionnent…
Madame Rixain, je vous remercie et je suis très heureuse que vous ayez salué la qualité des lauréats des grands prix d'automne. Ce moment est très important car il favorise la lecture, qui elle-même favorise cet écosystème du livre. Ce secteur est un tout, de l'auteur au lecteur, en passant évidemment par la librairie, la bibliothèque.
Vous avez salué la nomination de Madame Slimani comme ambassadrice de la francophonie. Vous avez raison, la francophonie est un sujet majeur. Je m'en suis rendu compte en allant à Beyrouth, mais aussi au Mexique. On sent un désir, une envie de français, d'autant plus que l'on compte près de 200 millions de francophones dans le monde.
Cela rejoint votre question sur l'Afrique, monsieur Hutin. Il faut que cette réalité suive la croissance de la population. Nous avons un rôle important à jouer, en liaison avec le ministère des Affaires étrangères et notre formidable réseau d'instituts. Nous devons travailler à la rationalisation de notre action, avec les alliances, les librairies françaises à l'étranger et les instituts français.
La promotion des auteurs français à l'étranger a été longuement évoquée lors de la Foire du livre de Francfort. Dans cet esprit, le Président a même annoncé la création d'un prix de la traduction. Le travail de promotion des auteurs français passe par la traduction : de même que la langue française s'enrichit de la traduction d'auteurs étrangers en France, les pays étrangers s'enrichissent de la traduction de nos auteurs. Le Centre national du livre (CNL) accompagne depuis longtemps cette action par des aides ; nous allons continuer à le soutenir. J'ai également pu observer à Beyrouth que des délégations d'auteurs français à l'étranger étaient largement invitées un peu partout. Nous sommes attentifs à la mobilité des artistes en Europe et à l'international. Des maisons et des résidences accueillent nos artistes dans de nombreux pays ; nous nous enrichirons au contact de l'autre. En la matière, je cite toujours Paul Veyne : « Vivre sous une seule culture, c'est comme vivre sous un éteignoir ». Il n'est évidemment pas question de laisser tomber des continents incroyables comme l'Afrique : je sais par expérience à quel point la littérature de ces pays alimente notre écosystème littéraire.
Sur la publicité, monsieur Attal, nous avons lancé une consultation dont les résultats sont en train d'être analysés ; il est donc un peu tôt pour évoquer des pistes. Aucune décision n'a encore été prise. Le marché publicitaire de la télévision est en baisse alors que le nombre de chaînes augmente car la croissance de la publicité numérique est captée par les GAFA. La concurrence est inéquitable : le budget publicitaire dirigé vers l'audiovisuel public est de 3,3 milliards d'euros, et de 3,5 milliards d'euros pour Internet.
Combattre le piratage, ce fléau, est une de nos priorités. Nous le ferons par plusieurs voies : l'évaluation de l'action de la HADOPI et de l'efficacité de la réponse graduée ; la lutte contre les sites contrefaisants en améliorant leur cessation d'activité, en retirant de manière prolongée les contenus piratés et en asséchant les ressources financières dirigées vers ces sites ; le renforcement de l'action pédagogique et la valorisation de l'offre légale en ligne. On peut aussi travailler avec les géants du Net en les amenant peu à peu à composer. C'est le sens de l'accord signé entre Google et l'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle : il vaut mieux accepter parfois de danser un tango plutôt que de s'enfermer dans une tour d'ivoire…
Madame Mette, le secteur de la presse est en crise, mais il innove en se rendant accessible sur tous les supports et à tous les publics pour contrer l'érosion de la vente des éditions papier. Le chiffre d'affaires du secteur a reculé en 2016 pour la neuvième année consécutive. La presse doit continuer de se transformer en redéployant ses ressources, et les pouvoirs publics d'encourager cette démarche. De nouveaux organes de presse se créent, une dynamique est à l'oeuvre que nous accompagnons. Le budget prévu pour 2018 est axé sur la défense du pluralisme et le soutien à l'innovation ; les crédits du Fonds stratégique pour le développement de la presse et ceux du récent Fonds de soutien à l'émergence et à l'innovation dans la presse sont préservés. Nous avons confié à M. Gilles Rameix mission de réfléchir à la distribution de la presse et à la vente au numéro ; l'État soutient la filière pour garantir la libre circulation de la presse et le pluralisme, indispensables à la vie démocratique, mais il est aussi de la responsabilité des éditeurs de presse d'assurer la pérennité du système de distribution et de réfléchir aux modes de distribution.
Grâce au plan de numérisation des salles de cinéma voulu par le Parlement et financé par le CNC, la France compte toujours 5 600 écrans ; c'est le réseau le plus dense d'Europe.